Obama a déçu, beaucoup, mais Obama est peut-être en train de faire pire encore, de faire pire que Bush. On sait déjà que le président des États-Unis est plus favorable au développement d’opérations discrètes qu’au déploiement de la troupe. La population des États-Unis est fatiguée des guerres de la dynastie Bush et elle verrait d’un bon oeil que ses soldats rentrent à la maison.
Mais Obama est peut-être bien en train de préparer le pire, car il compte basculer de la guerre ouverte contre le terrorisme à la guerre secrète non conventionnelle, une guerre où toute population, où qu’elle soit, peut-être considérée comme l’ennemi "intérieur". En fait Obama est peut-être en train de mettre en place une "Bataille d’Alger" planétaire. Si c’est bien le cas on peut dire que l’humanité a des soucis à se faire [3].
"La guerre secrète contre la bolivie"
par Fortunato Esquivel
Au début du mois de juin, le président Evo Morales, a repris sa dénonciation à l’encontre de l’Agence pour le Développement International des États-Unis (USAID) et l’a accusée d’infiltrer les mouvements sociaux, pour provoquer des conflits contre le gouvernement et tendre à sa déstabilisation, il les a averti qu’ils seraient expulsés s’ils continuaient à persister dans ce sens.
Un travail impossible pour Morales. USAID ne se modérera jamais. C’est un organisme, une partie de la domination exercée par l’impérialisme nord-américain sur l’Amérique Latine, l’Afrique et l’Asie. C’est l’engrenage d’une stratégie complexe du capital monopoliste destiné à accroitre les intérêts de l’empire.
Cette machinerie montée après la deuxième guerre mondiale est constitué par USAID, l’Alliance pour le Progrès (CIAP), substitué peu après par la Fondation Interaméricaine (IAF), la Banque d’Importation et d’Exportations (Eximbank), la Banque Interaméricaine de Développement (BID), le Fonds monétaire international (FMI), la Banque Internationale de Reconstruction et de Promotion ou Banque mondiale (BM), l’Organisation pour la Promotion des Investissements en Amérique Latine (ADELA) et leurs autres bras financiers.
USAID a commencé ses activités sous le gouvernement de Harry S. Truman en 1946 et depuis ce temps-là elle a distribué plus de 200 milliards de dollars en "aides" militaires et économiques auprès des pays où elle exerce sa domination en protection des intérêts étasuniens. Combien doit la Bolivie à cet organisme ? C’est une donnée qu’il faut connaître.
USAID, utilise au moins quatre types de programmes et ils sont : Des prêts pour le Développement, les Programmes d’Aide Technique, des Fonds pour les Urgences et le Programme d’Appui Politico-Militaire. Ce dernier fait parti d’un vaste appareil d’espionnage et d’intervention étasunien.
Le Programme d’Appui Politico-Militaire est la raison de son existence, puisqu’il est destiné à freiner et à détruire les mouvements révolutionnaires d’Amérique Latine et pour cela un manuel répressif confidentiel a été mis au point, manuel qui a été révélé en Bolivie par le quotidien disparu "Hoy" dans son édition du 23 novembre 1978.
USAID agit de manière directe entre l’agence et le gouvernement du pays où elle travaille et d’une manière indirecte à travers les entreprises monopolistes, en suivant des objectifs politico-économiques définis à l’avance. Cet organisme dispose de fonds pour les investisseurs yankees, cela inclus des investissement directs afin d’influencer les centres de pouvoir.
L’appel à la modération qu’a fait le président Morales, ne s’accomplira jamais, parce que l’USAID a été organisé pour cela, pour conspirer et renverser des gouvernements révolutionnaires. Et maintenant elle aura encore plus d’aide puisque le Président Barak Obama vient d’approuver de nouveaux programmes “de guerre secrète” et “des opérations spéciales” au niveau mondial. La Bolivie et le Venezuela sont dans la mire d’Obama.
Obama pire que Bush
Une enquête publiée par le journal Washington Post, remarque que Barak Obama vient d’autoriser l’extension de la guerre secrète contre des groupes radicaux, en augmentant les budgets concernés [4].
Suivant l’article du Post, les opérations spéciales se déroulent dans 75 pays avec le concours de 13 000 militaires et civils, experts dans les opérations de renseignement, de guerre psychologique, d’assassinats sélectifs, de missions d’entraînement, d’actions clandestines et autres [5].
La journaliste vénézuéliano-américaine, Eva Golinger fait remarquer dans l’un de ses récents articles [6] que l’enquêteur Jeremy Scahill a découvert que l’administration de Barak Obama a envoyé des équipes d’élites des forces spéciales, sous les ordres du Commandement des Opérations Spéciales Conjointes en Iran, en Géorgie, en Ukraine, mais aussi en Bolivie, au Paraguay, en Équateur et au Pérou.
Le chancelier Choquehuanca, négocie la réouverture de relations diplomatiques avec les États-Unis, mais comme on peut lz vérifier, ni le gouvernement d’Obama ni USAID ne changeront leurs politiques. Dans ces conditions : ne vaudrait-il pas mieux de repousser l’idée d’une ambassade des États-Unis en Bolivie ?
Des plans nord-américains pour déstabiliser les gouvernements, existent dans pour de nombreux endroits. Ils sont préparés et Washington attend uniquement le bon moment pour les activer. L’article de Golinger fait référence à un haut responsable militaire du Pentagone, qui a affirmé qu’Obama permet beaucoup d’actions, d’opérations et de stratégies qui n’ont pas été autorisées durant les mandats George W. Bush.
Plus d’argent pour déstabiliser
Il y aura de l’argent en trop pour conspirer et financer des organismes comme “La Torre” dans notre pays[La Bolivie] qui il y a presque deux ans ont tenté de renverser Morales avec un soulèvement de caciques qui s’est appelé le “coup civico-préfectoral”, coordonné par l’ambassadeur [US] de l’époque Philip Goldberg, opportunément expulsé depuis.
Obama, vient de solliciter une augmentation de 5,7% du budget pour les Opérations Spéciales en 2011. Il a demandé 6.3 milliards de dollars, et 3.5 milliards de dollars de plus pour d’éventuelles opérations clandestines. Pour 2011, le budget total de la défense s’élève à 872 milliards de dollars, avec seulement 75 milliards de dollars pour la communauté du renseignement. De l’argent, il y a en trop.
Quand au début 2009, le Président Obama a signé la “Doctrine de Guerre Irrégulière” [7], en lui accordant la priorité sur la guerre conventionnelle. Dans cette stratégie guerrière le champ de bataille n’a pas de limites, puisque les tactiques et les stratégies sont pas traditionnelles. La subversion, l’usage de forces spéciales pour des opérations clandestines, sont les principales techniques pour déstabiliser l’adversaire "de l’intérieur" [8].
Pour réaliser ces travaux, des agences comme USAID, le National Endowment for Democracy (NED) et Freedom House serviront à canaliser les fonds vers les acteurs choisis par Washington. La "société civile" et les mouvements sociaux sont infiltrés dans les pays où l’on suppose que les intérêts impériaux peuvent être affectés [9].
Golinger, indique dans son article, qu’une source des forces spéciales nord-américaines a indiqué : “Nous n’avons plus à travailler depuis les ambassades, nous n’avons plus à nous coordonner avec le Département d’État. Nous pouvons opérer d’où nous voulons”.
Cette année, le Venezuela a été sur le point d’être classée comme “État terroriste”, mais Washington l’a sorti de la liste pour ne pas nuire à la vente de pétrole [vénézuélien] aux États-Unis. Il n’est pas donc étrange qu’en Bolivie surgissent des accusations en provenance de l’opposition sur une présumée augmentation du trafic de stupéfiants. Le gouvernement doit prendre en considération ces porte-parole de l’impérialisme qui cherchent à provoquer un changement de régime.
"Guerra avisada, no mata moros", dit le proverbe, mais il est nécessaire d’être préparé face aux actions qui se développent à partir des ONG d’USAID. L’an prochain, ils seront une fois de plus habilités à corrompre ceux qui sont toujours disposés à se vendre.
Source : America Latine en movimiento "La guerra secreta contra Bolivia"
Traduction : Primitivi
[1] Bakchich dans son article sur le général James Clapper ("Obama généreux avec les généraux"), arrive à peu près la même conclusion
[2] Bakchich dans son article sur le général James Clapper ("Obama généreux avec les généraux"), arrive à peu près la même conclusion
[3] Bakchich dans son article sur le général James Clapper ("Obama généreux avec les généraux"), arrive à peu près la même conclusion
[4] Voir entre autres "U.S. ’secret war’ expands globally as Special Operations forces take larger role"
[5] Voir l’article en anglais "Obama secretly deploys US special forces to 75 countries across world"
[6] Voir la traduction "Obama est en train d’intensifier sa guerre secrète et ses ’opérations spéciales’ selon le Washington Post" de l’artivle d’Eva Golinger
[7] On voit bien ici qu’Obama ne fait que reprendre les principes de la "guerre contre-insurrectionnelle" développée durant la Bataille d’Alger et qui a fait depuis énormément de chemin, passant par toutes les dictatures d’Amérique Latine, grâce à l’École des Amériques (voir le très bon documentaire "Escadrons de la mort, l’école francaise"), repassant ensuite en Afrique se développant silencieusement au sein des pays riches en ressources naturelles. Puis ré-émergeant au grand jour après le 11 septembre incarnée principalement par Guantanamo et Habou Grahib, devenus mondialement connus, mais aussi par toutes les prisons clandestines que la CIA a semée dans le monde, en Europe comme ailleurs. N’excluons pas l’Afghanistan dont on sait peu, mais où l’on ne voit pas pourquoi la même tactique ne serait pas appliquée.
[8] Obama a donc abouti à la phase ultime de la "guerre subversive" chère au colonel Roger Trinquier. La guerre qu’Obama est en train de mettre en place est une guerre subversive totale et mondiale. Par là même il se positionne encore plus loin que Bush qui disait "vous êtes avec ou contre nous", ici avec sa stratégie Obama positionne clairement toute la population mondiale comme étant un ennemi possible.
[9] La société civile, et ces mouvements, sont également infiltrés et manipulés lorsque les États-Unis peuvent inclure un futur pays "libre" dans leur giron, l’exemple actuel étant celui des différentes "révolutions colorées" qui se sont déroulées et se déroulent encore dans l’ex-Bloc Est, aidées en cela par USAID, le NED et Freedom House ainsi que par la diffusion d’un petit livre édité par l’Institut Enstein "From dictatorship to democracy" qui est le parfait manuel pour mettre en place une révolution pacifique, avec l’aide de l’argent des États-Unis. Un très intéressant documentaire "Comment la CIA prépare les révolutions colorées" relate comment cela se déroule.