Roger Bichard, dit “Bibiche”, était casseur de pierres à Louroux-de-bourbonnais.
Toute sa vie, en secret, il a dessiné son quotidien le soir en rentrant à la maison.
Il a constitué une archive de tout un 20è siècle oublié.
"Bibiche" comme on le surnommait, vivait à Louroux-de-Bourbonnais, un petit village au centre de la France où il exerçait le métier de carrier. À quinze kilomètres à la ronde, tout le monde le connaissait mais presque personne ne savait qu’il avait dessiné toute sa vie, et celle des autres...
Au fil des dessins, on peut voir le travail dans les champs et dans les carrières, les fêtes du village, les manifestations du parti communiste dont il était militant.
Une chronique en quelque sorte, d’un monde rural du XXè siècle aujourd’hui disparu.
Lorsqu’Élizabeth et François ont acquis la maison de Roger Bichard, à Louroux-Bourbonnais, ils ont découvert plus de deux mille dessins partout dans la maison, sur des cahiers Lavis, des feuilles de papier Canson, petits et grands formats. Ils ont alors partagé leur découverte avec une amie, Christine Thépénier, documentariste, qui a décidé d’en faire un film.
Toute une époque !
Les dessins apparaissaient à première vue comme naïfs, mais au fil des rencontres, la réalisatrice et les villageois se sont rendu compte qu’ils « faisaient ’uvre ». Carrier de son état, Roger Bichard, dit « Bibiche », souffrait d’un handicap du langage qui le faisait passer pour un « simple ». Personne ne l’avait jamais vu dessiner.
Christine Thépénier a pris les classeurs sous son bras et a mené l’enquête pour connaître les circonstances et le contexte de ces créations. Et les Lourousiens de s’exclamer : « c’est incroyable ! La vie agricole et la vie sociale de toute une époque du village sont là ». Fêtes, travaux des champs, batteuse, défilés de mode à Cosne-d’Allier. Mais aussi les réunions du Parti communiste. Les maisons sont reproduites de mémoire par celui qui s’est exprimé par le dessin toute sa vie. Jusqu’à la maison de retraite où il avait son petit atelier et où il est décédé en 2006.
La réalisatrice s’est tout particulièrement intéressée, dans son projet, au milieu ouvrier et aux lieux de travail. Grâce aux dessins de Roger Bichard, elle a aussi pu partir à la rencontre des agriculteurs, des conducteurs d’engins de la carrière de Louroux-Bourbonnais. Elle a ainsi mis au jour à la fois l’’uvre d’une vie et l’évolution du travail des campagnes avec sa mécanisation.
Christine Thépénier a tenu à rendre hommage, lors d’une avant-première privée, à « tous ceux qui l’ont aidée à faire le film ». Un travail compliqué qui a mis six ans à se concrétiser. Ce n’est qu’un début, maintenant qu’il est né, il s’agit de trouver un diffuseur qui voudra bien de ce témoignage touchant de la vie sociale et intime d’un inattendu carrier\artiste peintre.