Colombie/Europe : le DAS devant les tribunaux

Les services de renseignement colombien sont suspectés d’avoir espionné illégalement des parlementaires et des OGNs de européennes, ainsi que des journalistes colombiens. Trois ONGs sont d’ores et déjà en train de déposer plainte auprès de la justice belge, le gouvernement colombien se déclare décidé à faire la lumière sur cette affaire mais dans le même temps émet un communiqué qui tend à décharger ses services secrets de toute action illégale.

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Les services de renseignement colombien sont suspectés d’avoir espionné illégalement des parlementaires et des OGNs de européennes, ainsi que des journalistes colombiens. Trois ONGs sont d’ores et déjà en train de déposer plainte auprès de la justice belge, le gouvernement colombien se déclare décidé à faire la lumière sur cette affaire mais dans le même temps émet un communiqué qui tend à décharger ses services secrets de toute action illégale.

Mardi 22 juin, les affaires d’espionnage de la part du Département Administratif de Sécurité colombien (DAS) [1] ont occupé une grande partie de l’activité du Parlement Européen de Bruxelles.
Selon les plaintes déposées, à l’espionnage il faudrait ajouter les filatures de parlementaires européens, de membres d’ONG et de journalistes colombiens effectuées par le DAS [2].

C’est pourquoi un groupe d’ONGs a décidé de déposer plainte devant la justice belge pour que des responsabilités soient définies. Jusqu’à présent il s’agit de 3 organisations belges et de deux organisations internationales dont le siège est en Belgique. Emanuel Raison, coordinateur du Bureau International des Droits de l’Homme Action Colombie (OIDHACO) a déclaré sur Radio Nederland que les membres de ces OGNs sont certains “qu’ils ont été victime d’actions illégales de la part du DAS en Europe” [3]. D’autres organisations dans d’autres pays européens sont dans la même situation, dit Raison, qui explique qu’en Belgique la décision de déposer plainte a été pris il y a quelques jours et il reste à en définir la forme exacte.

Pour le moment, les organisations ont pensé présenter une demande non contre l’État mais contre X, indique Raison. L’objectif de cette initiative est d’obtenir que la justice belge détermine les faits et la responsabilité de la part du DAS et de ses agents. De plus, ajoute Raison, il ne serait pas insensé de penser que plusieurs agents des services secrets belges pourraient être impliqués dans ces affaires d’espionnage.

Filature d’activistes
Comme le dénoncent les représentants des ONGs qui travaillent en Colombie, l’intention du DAS serait de neutraliser l’action des défenseurs des droits de l’homme. Emanuel Raison affirme qu’il a une constance dans les ordres donnés à l’intérieur du DAS pour par exemple empêcher que telle ONG belge [Broederlijk Delen] accède à des fonds ou à des subventions européennes [4]. De même, il assure que l’on a enquêté sur la vie privée de la personne en charge des projets d’une ONG, et qu’il y a eu des cas de vols d’information et de menaces téléphoniques.

Dans le cas où il est décidé de maintenir la plainte, il reste à savoir qu’elles sont les possibilités pour qu’elle aille à son terme. Le coordinateur de l’OIDHACO dit avoir confiance en la justice belge, “qui va faire tout son possible pour chercher les responsables, qui seront soumis à enquête et punis”. Raison indique également qu’il est confiant dans le fait que les autorités colombiennes apportent leur collaboration.

Pourtant la chancellerie colombienne a rendu public un communiqué dans lequel il est indiqué que le travail du DAS en Europe fait partie du ‘Dossier Europe’ qui réunit les données des enquêtes du gouvernement colombien afin de déterminer le degrés de pénétration des réseaux de soutiens aux FARC en Europe. Ce communiqué est reproduit ci-dessous.

COMMUNIQUÉ DE LA CHANCELLERIE COLOMBIENNE 21 JUIN 2010

À l’occasion de la réunion organisée aujourd’hui entre le Ministre des Affaires étrangères, le Directeur du Département Administratif de Sécurité DAS et les ambassadeurs des pays de l’Union Européenne en Colombie, le Gouvernement National informe :

1 - À partir du début des négociations de paix dans la “zona de despeje”[“zone de dégagement”] en Colombie, il a été constaté un accroissement des liens entre plusieurs citoyens et organisations européennes et des membres des FARC. Des faits antérieurs ont mis en évidence la nécessité pour l’État colombien de surveiller la portée des réseaux appuyant le groupe armé illégal des FARC en Europe. Cette nécessité reste en vigueur.

2 - Les confirmations du point précédent sont, par exemple, les processus judiciaires qui sont en cours au Danemark contre des organisations comme “Rebelión” et “Fighters and Lovers”, ou la capture d’“Irene” en Espagne.

3 - Le DAS a coopéré et il coopère de manière réciproque avec les agences de renseignement des pays membres de l’Union Européenne, à travers un échange d’information permanent, en appui à la défense légitime des intérêts des États en matière de sécurité.

4 - D’un autre côté, les plaintes sur de présumées activités illégales de renseignement commises par le DAS en territoire colombien sont l’objet d’une enquête de la part des autorités judiciaires. Le Gouvernement National a prêté tout son appui pour que ces enquêtes aboutissent.

5 - Indépendamment du point précédent, c’est une fonction des agences de renseignement de compiler les informations de caractère public qui permettent de faire progresses les analyses sur les sujets affectant les intérêts de l’État.

6 - Les informations que détient le DAS, qui font partie du “Dossier l’Europe”, font référence à des données récoltées entre 2004 et 2005, dont les sources ont été des publications dans des médias et des événements publics.

7 - La collecte de ces informations n’a impliqué aucune irrégularité en matière de renseignement, ni aucune violation des droits des citoyens européens en Europe.

8 - En appui aux enquêtes judiciaires, le Gouvernement National a adopté des mesures administratives et a impulsé la mise en place de normes, comme la Ley de Inteligencia, votée en mars 2009, pour garantir que de telles activités sont dûment réglées, encadrées et respectent les droits de l’homme.

9 - Le Ministre des Affaires étrangères de la Colombie a envoyé une invitation au Président de la Commission des Relations Internationales du Parlement Européen pour que, s’il le considère opportun, une délégation de la Commission visite la Colombie, afin qu’elle constate directement les avancées qui ont été réalisées sur ces différents points.

Source : rebelion.org La "Operación Europa", a los tribunales. ONGs europeas demandarán judicialmente al Gobierno colombiano por espionaje del DAS
Traduction : Primitivi


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