Colombie/Venezuela : bruits de guerre.

Depuis cet été l’Amérique Latine est sous tension : le coup d’état au Honduras soutenu par les États-Unis (déclarer le contraire serait de la tartuferie), la signature par la Colombie d’un accord pour l’installation de 7 bases étasuniennes sur son sol, la réactivation de la quatrième flotte sont autant de signes négatifs envoyés par le grand voisin du nord.

L’arrivée d’Obama au pouvoir avait fait naître tous les espoirs mais finalement sa politique entraîne une déception absolue voire même réactive la peur de revivre les années 70/80 et leur cortège de morts de tortures et de pouvoir fasciste.

On peut arguer de la guerre contre les narcos, mais le déploiement d’armes lourdes et d’une flotte complète est-il nécessaire à ce genre d’opération ? Aucun accord multilatéral n’a jamais été envisagé ni par les États-Unis ni par la Colombie. Curieux, non ?

Une autre curiosité : seuls les trois pays de l’ALBA les plus à gauche semblent concernés, le Venezuela, l’Équateur et la Bolivie.
Et une dernière chose, même si cela a eu lieu en Argentine : depuis cet automne la droite argentine la plus dure semble retrouver une arrogance qu’on ne lui connaissait plus.

Tout indique que les États-Unis ne laisseront pas la partie sud des Amériques s’épanouir et s’émanciper, tout indique qu’ils comptent mener la bataille contre l’élan sociale qui y est né, tout porte à croire qu’ils se préparent à écraser cet élan dans le sang.

A qui a réellement servi l’assassinat du gouverneur de Caquetá, aux Farc ou à d’autres ? C’est le sujet du premier article traduit.
Après le survol du Venezuela par des drones nord-américains, la Colombie évalue les cibles, analyse les vies des expatriés vénézueliens et colombiens pour deviner leurs réactions en cas de conflit. L’article du journal argentin La Nacion évoque les préparatifs colombiens en amont d’un éventuel conflit.

Voir également :
Le président Chavez soupçonne la Colombie de préparer une mise en scène de "faux positifs" (...)
La France offre à la Colombie la vente de 30 à 40 chars Leclerc.
Venezuela : Escalade de l’attitude agressive des Etats-Unis contre le Venezuela
Blackwater en Colombie
Argentine : une année 2010 en état d’alerte ?

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Depuis cet été l’Amérique Latine est sous tension : le coup d’état au Honduras soutenu par les États-Unis (déclarer le contraire serait de la tartuferie), la signature par la Colombie d’un accord pour l’installation de 7 bases étasuniennes sur son sol, la réactivation de la quatrième flotte sont autant de signes négatifs envoyés par le grand voisin du nord.

L’arrivée d’Obama au pouvoir avait fait naître tous les espoirs mais finalement sa politique entraîne une déception absolue voire même réactive la peur de revivre les années 70/80 et leur cortège de morts de tortures et de pouvoir fasciste.

On peut arguer de la guerre contre les narcos, mais le déploiement d’armes lourdes et d’une flotte complète est-il nécessaire à ce genre d’opération ? Aucun accord multilatéral n’a jamais été envisagé ni par les États-Unis ni par la Colombie. Curieux, non ?

Une autre curiosité : seuls les trois pays de l’ALBA les plus à gauche semblent concernés, le Venezuela, l’Équateur et la Bolivie.
Et une dernière chose, même si cela a eu lieu en Argentine : depuis cet automne la droite argentine la plus dure semble retrouver une arrogance qu’on ne lui connaissait plus.

Tout indique que les États-Unis ne laisseront pas la partie sud des Amériques s’épanouir et s’émanciper, tout indique qu’ils comptent mener la bataille contre l’élan sociale qui y est né, tout porte à croire qu’ils se préparent à écraser cet élan dans le sang.

A qui a réellement servi l’assassinat du gouverneur de Caquetá, aux Farc ou à d’autres ? C’est le sujet du premier article traduit.
Après le survol du Venezuela par des drones nord-américains, la Colombie évalue les cibles, analyse les vies des expatriés vénézueliens et colombiens pour deviner leurs réactions en cas de conflit. L’article du journal argentin La Nacion évoque les préparatifs colombiens en amont d’un éventuel conflit.

Voir également :
Le président Chavez soupçonne la Colombie de préparer une mise en scène de "faux positifs" (...)
La France offre à la Colombie la vente de 30 à 40 chars Leclerc.
Venezuela : Escalade de l’attitude agressive des Etats-Unis contre le Venezuela
Blackwater en Colombie
Argentine : une année 2010 en état d’alerte ?


Sur la responsabilité de l’assassinat du gouverneur de Caquetá
par Juanlu González, article écrit le 24/12/2009

Elles se succèdent les condoléances pour la mort de Luis Francisco Cuéllar. Après son brutal assassinat tout le monde s’est jeté sur les FARC pour les accuser, pas en vain il avait déjà été séquestré en quatre occasions par le groupe de guérilleros révolutionnaire et de fait il est facile de penser qu’ils l’aient abattu. Cependant, quand le consensus est si unanime et qu’un acte de cette nature nuit plus qu’il fait du bien à ses coupables présumés, l’expérience nous demande d’être prudent et d’éviter les jugements hâtifs. Les FARC n’ont pas encore reconnu ni démenti l’attentat, bien qu’il soit possible qu’un communiqué arrive dans les heures qui viennent et nous débarrasse de quelques doutes.
Toutefois, l’agence de presse Agencia de Noticias Nuvea Colombia (Anncol), l’agence à qui les FARC ont l’habitude d’envoyer leurs communiqués, ont également appelé à la prudence. La sénatrice et médiatrice Piedad Córdoba a également appelé, au travers de son collectif "Colombiens et Colombiennes pour la Paix", à être modéré quant aux conclusions sur cet assassinat.

Tandis que cela est arrivé, nous nous trouvons dans l’obligation de recontextualiser le fait, au moins pour pouvoir fait un tour d’horizon des protagonistes et de disposer ainsi de la palette d’informations suffisantes que fournissent les médias. Ensuite, seulement on peut attendre les conclusions des enquêtes indépendantes qui démarreront. Quelles sont les informations dont il faudrait tenir en compte pour connaître un peu plus les implications de ce cas ?. Ci dessous j’ébauche certaines d’entre elles :

  • Luis Francisco Cuéllar avait été précédemment séquestré à quatre occasions, pour lesquels la famille avait religieusement payé la rançon. Si les FARC cherchaient à le séquestrer de nouveau il n’est pas logique qu’ils le tuent à la première occasion. Pourquoi en finir avec une affaire aussi sûre ?
  • On a parlé de la participation de 15 à 20 guérilleros. Dans un tel cas au moins 3 ou 4 véhicules de transport sont nécessaires. Il n’est pas logique que parce qu’une fourgonnette était endommagée, ils choisissent de tuer le gouverneur parce qu’ils ne pouvaient le transporter ou après que ce dernier ai refusé de changer, comme le disent certaines informations provenant de son cercle familial.
  • Il est certain que le département de Caquetá est l’une des zones où le groupe de guérilleros est le plus présent, mais il n’est pas moins certain que beaucoup de populations du sud de la région (Florencia, Morelia, Albania, Curillo, Valparaíso et Solita) sont contrôlées par les paramilitaires qui développent les plantations de coca. C’est un fait constaté que les AUC ont été principalement introduites par le secteur de l’élevage, secteur auquel appartenait le gouverneur assassiné.
  • Cuéllar n’était pas n’importe quel pauvre civil, il était accusé de collaboration avec les narcoparamilitaires et la Justice avait des dossiers ouverts à ce propos. Curieusement, l’une des accusations pour laquelle il était mis en cause était la présence dans sa maison d’hommes en uniformes camouflés comme qu’ont utilisé ses assassins. Paradoxal : non ?
  • Le gouverneur avait été dénoncé dans les affaires judiciaires où des repentants des AUC l’avaient accusé de financer et de collaborer avec les paramilitaires emprisonnés. Plusieurs informations indiquent qu’il était victime de chantages de la part de certains membres des AUC. Et s’il avait arrêté de payer, l’ont-ilselles assassiné ? Et si beaucoup d’autres personnages parapolitiques craignaient le fait que le gouverneur ne les dénoncer durant les futurs jugements auxquels il pouvait être confronté ?
  • Des informations provenant des services de renseignement de la police et de l’armée indiquent que Cuéllar allait être objet d’un attentat. Pourquoi y avait-il seulement un policier d’escorte dans sa maison cette nuit là ?
  • Uribe n’arrête pas de dire que les FARC sont finis : comment ont-ilselles pu exécuter un plan si risqué dans l’une des zones les plus militarisées de la Colombie ?
  • L’assassinat peut mettre fin aux échanges humanitaires auxquels Uribe s’est toujours opposé ou qui se sont montrés plus qu’incommodants. Il était nécessaire au narcoprésident colombien de fortifier son option militaire, pas la négociation, et discréditer les FARC, justifier la présence étrangère, etc., tout cela l’a-il obtenu avec la disparition de Cuéllar. : en lui faisant jouer le rôle de fusible ?


Enfin, beaucoup de contradictions comme faire porter le chapeau de l’assassinat aux FARC aussi joyeusement comme ça n’avait pas été encore fait depuis l’arrivé d’Uribe, et suivi par les États-Unis et plusieurs de ses alliées, les médias et quelques ONG clientélistes. On peut seulement espérer que de nouvelles informations sortent à la lumière pour éclairer un cas qui n’est aussi clair que beaucoup veulent nous faire voir.

Bogotá évalue une agression du Venezuela
publié dans La Nacion, article écrit le 23/12/2009

BOGOTÁ (DPA).- Tant que ne cède pas la tension entre Caracas et Bogotá, les forces armées colombiennes identifient les cibles qui seraient choisies par le Venezuela en cas d’une hypothétique attaque armée de ce pays contre la Colombie.

Le quotidien colombien El Espectador, suivant des sources militaires anonymes, a indiqué hier qu’à "l’intérieur des forces armées évaluent des scénarii distinctes pour le cas où surviendrait une agression du Venezuela", après que le président vénézuélien, Hugo Chávez, ai appelé la population de son pays à "être préparé pour la guerre".

Parmis les mesures qui ont été considérées par les dirigeants colombiens ordre a été donné aux soldats de rentrer dans leurs casernes et une analyse sur le nombre de Colombiens vivant au Venezuela et des Vénézuéliens qui résidant en Colombie a été lancée.

"Le but n’est pas autre que connaître quels sont leurs occupations, et dans le cas d’une confrontation, que l’on puisse établir quel peut-être leur comportement ou s’ils resteraient neutres", a déclaré la source d’information consultée par le journal. L’analyse inclut une liste de cibles potentielles, comme les aqueducs, les réseaux d’énergie et les hôpitaux.

Selon le quotidien, des documents secrets consignent la quantité d’armes, d’avions, d’hélicoptères et les forces terrestres des deux pays.

"Nous savons bien ce que représente l’avion Sukhoi, de fabrication russe, d’un vrai danger pour notre souveraineté, mais notre armement s’est considérablement amélioré et aujourd’hui nous pensons que nous pouvons le neutraliser", a expliqué la source.

L’étude des militaires colombiens considère aussi le comportement que les groupes guérilleros auraient face à une éventuelle déclaration de guerre.

"Nous considérons que l’alliance dont on a entendu ces derniers jours l’annonce entre les Forces armées Révolutionnaires de la Colombie (FARC) et l’Armée de Libération Nationale (ELN) n’est pas autre chose qu’une fusion autour de la tension avec le Venezuela. De plus, nous n’écartons pas que les guérilleros attaquent des objectifs en Colombie pour favoriser les intérêts politiques vénézuéliens", a indiqué au quotidien un haut fonctionnaire colombien.

Les FARC et l’ELN, qui se sont affrontés durant les dernières années pour la domination territoriale, ont annoncé il y a quelques jours l’arrêt des hostilités et la mise en place d’une alliance pour s’opposer à la deuxième réélection du président Alvaro Uribe en 2010 et à la présence militaire nord-américaine sur le territoire colombien.

Les tensions entre les deux pays se sont accrues vers le milieu de cette année, quand Chávez a ordonné de "geler" les relations diplomatiques suite à l’accord militaire signé entre la Colombie et les États-Unis, qui permettra à Washington d’utiliser sept bases colombiennes pour combattre le trafic de stupéfiants et le terrorisme. Caracas soutient que le pacte menace sa souveraineté et sa sécurité.
[NDT : Il est a noter que La Nacion, quotidien argentin privé conservateur -voire réactionnaire- et propriété de la famille Mitre, fait l’impasse sur plusieurs points importants :

Enfin El Correo, le journal de la diaspora argentine fait le point là dessus et contrebalance largement ce que dit La Nacion Ces bases étasuniennes qui empoisonnent l’Amérique Latine]

Source :
BitsRojiVerdes blog Sobre la autoría del asesinato del gobernador de Caquetá
La Nacion Bogotá evalúa una agresión de Venezuela
Traduction : Primitivi