Honduras : Lors des prochaines élections “Ce n’est pas le vote qui décidera mais les bottes”

Le Honduras est en période de processus électoral avec quelques particularités. Un gouvernement de facto, un président renversé et confiné dans une ambassade ; la liberté d’expression et de manifestation restreintes et les même policiers et militaires qui ont réalisé le coup d’État garantissent le processus. “Un processus qui n’offre aucune de garantie”, dit le sociologue Pablo Carías.

Après l’article de Revistazo nous publions des témoignages de honduriens ayant participés à la manifestation d’hier, 29 octobre. Nous publions également un message outré de la part d’un maire hondurien à qui on demande de faire de la délation. Des documents photos et écrits accompagnent ces témoignages.
Evidemment les identités des correspondants ont été modifiées.

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Le Honduras est en période de processus électoral avec quelques particularités. Un gouvernement de facto, un président renversé et confiné dans une ambassade ; la liberté d’expression et de manifestation restreintes et les même policiers et militaires qui ont réalisé le coup d’État garantissent le processus. “Un processus qui n’offre aucune de garantie”, dit le sociologue Pablo Carías.

Après l’article de Revistazo nous publions des témoignages de honduriens ayant participés à la manifestation d’hier, 29 octobre. Nous publions également un message outré de la part d’un maire hondurien à qui on demande de faire de la délation. Des documents photos et écrits accompagnent ces témoignages.
Evidemment les identités des correspondants ont été modifiées.

Dans des élections générales : “Ce n’est pas le vote qui décidera mais les bottes”

Le dialogue soutenu entre Carías et Revistazo.com a commencé avec la question qu’il a formulé. “Quelle valeur a actuellement le vote de l’hondurien ?” A laquelle il a tout de suite donné sa réponse, “dans le passé ils nous ont fait croire que le vote était générateur de démocratie, qui permettait une alternance du pouvoir, mais maintenant, cela implique que ce n’est pas le vote qui décidera de l’avenir du peuple mais des bottes”, il a dit.

Pour ce sociologue il est difficile d’établir une réglementation quand la constitution de la République a été violée et quand les groupes de pouvoir sont derrière “les bottes”. “Il est évident qu’en définitive c’est le pouvoir économique, les intérêts économiques bâtards, l’ardeur de tirer profit, l’État vu comme une bottine, qui prévalent”, ajoute-t-il.

Après être consulté, Carías a fait une relation de situations qui génèrent des doutes parmi la population, vis-à-vis du processus électoral proche, bien qu’une vaste campagne de promotion et de publicité soit faite dans les médias qui contrôlent le pays, une partie des honduriens se demande : comment ces élections peuvent-elles être la sortie la crise politique et comment peuvent-elles être transparentes quand le président légitime est tenu enfermé dans un siège diplomatique dans son pays ?

“Un président enfermé c’est cela qui a servi à la Mission Carter pour définir qu’il n’y avait pas de contexte favorable à la réalisation d’élections. La mission a dû attendre presque une heure pour être reçu par le président, ils [NDT : les militaires faisant le siège de la légation brésilienne] ne le lui permettaient pas, et s’ils ne le permettent pas à une mission internationale : qu’elle peut-être la liberté du citoyen lambda ?”, se demande le sociologue.

De la même manière surgit la question obligée de la transparence, comment ceux qui ont réalisé le coup d’État peuvent-ils protéger les élections ?

“Rappelons que par le passé les militaires et la police avaient permis un degré de sécurité dans le processus, une espèce de symbole ; mais aujourd’hui c’est la baïonnette qui menace l’électeur, presque comment si on lui disait … bon vous avez intérêt à venir voter ou nous vous amènerons ici [de force]”, dit Carías.

L’absence de la présence international pendant le processus est un autre questionnement qui est posé. “La communauté internationale est très claire là dessus s’il n’y a pas de garanties minimales, le processus ne sera pas reconnu et la non reconnaissance des élections implique la non reconnaissance de celui qui gagne puisque ce sera un gouvernement bâtard, faible, avec peu de crédibilité à qui on ne peut donner aucun type d’aide”, dit-il.

Les Honduriens on vus très récemment que les violations des Droits de l’Homme arrivent contre ceux qui sont en désaccord avec leurs actions [aux putschistes]. Ce qui se traduit par des personnes détenues, emprisonnées, frappées et jugées.

“C’est le cadre, les résultats sont catastrophiques et se transforments en un manque de crédibilité tant pour ceux qui sont en faveur du coup que pour ceux qui sont contre ; les gens sont réprimés, effrayés, comment ne pas l’être si les instances étatiques chargées de les défendre sont en fait à leur propre service”.

De plus le sociologue remet en question l’intégration d’autorités illégales dans la Cour suprême Électoral.

Pablo Carias souligne dans ses déclarations, les aspects que les autorités actuelles du Honduras ont mis en avant pour avoir opéré un coup d’État contre Manuel Zelaya Rosales.

“On parlait de la forme illégale de permettre la participation citoyenne et maintenant c’est l’illégalité vers la citoyenneté qui prévaut comme il n’est pas permis de s’exprimer librement, de manifester dans les rues etc.
(Les petits avions narcos sont tombés par la collusion entre le gouvernement du Honduras et celui du Venezuela et le nombre qui sont récemment tombés)*. Le putsch a été organisé parce qu’il y avaient une insécurité et maintenant l’insécurité est pire encore, il y a plus de crimes, etc.”, a assuré Carías.
[NDT : cette phrase a été mise entre parenthèses car elle semble hors contexte, faute d’édition de la part de revistazo ? Ou mauvaise compréhension de notre part ?]

Il ajoute que, “Il y a une perte de crédibilité également dans les églises puisque la foi a été instrumentalisée d’une manière méprisable et terrible”.

Source : Revistazo En elecciones generales : “No es el voto el que decidirá sino las botas”
Traduction : Primitivi

Répression de la manifestation pacifique (et autorisée) du 29 octobre Messages des manifestants, reçus par mail.

Témoignage de R* :

Tegucigalpa 29/10. De nouveau l’armée et la police ont réprimé aujourd’hui, de manière violente la marche pacifique de la résistance contre le coup d’État, aux environs de la Cour suprême Électoral (TSE).

Des personnes âgées et des enfants ont été victimes des gaz lancés par les policiers.

Les manifestants étaient partis de l’Université Pédagogique Nationale (UPN), passant au milieu de la propriété universitaire, au moment de sortir du campus des policiers et des militaires leur ont refusé l’accès à la voie publique. Il a fallut l’intervention du député d’Unification Démocratique Marvín Ponce présent sur place, pour que les manifestants puissent sortir.

La marche a avancé par le boulevard connu comme Forces Armées, ensuite le boulevard Koweït, mais après être arrivé aux environs du TSE, en face des installations de l’Église Mi Viña, les militaires et policiers au contact de la manifesation ont commencé la répression, en trois commandos.

Ensuite les manifestants qui sont restés dans les environs se sont dirigés en des petits groupes jusqu’aux environs de l’Hôtel Marriott, où se paassent les réunions avec les envoyés du Département d’État nord-américain.

Mais quelques minutes après des commandos militaires et la police sont arrivés, et ont encore une fois réprimés avec violence la manifestation.

On rapporte qu’il y a eu des blessés et des arrestatuibs de la part de l’armée et la police. Rafael Alegría serait parmis les personnes frappées aujourd’hui.

Ajout de P* au témoignage de R :

Même avec une autorisation écrite du TSE, la Résistance a été réprimée
par la police et l’armée. Ils ont ignoré l’autorité civile exprimée dans la permission de manifester délivré par le TSE, ce qui est en soit illégal et arbitraire.

Ce qui semble indiquer que tous les décrets et dispositions cherchent seulement à contenir, à tout prix, les actions de la Résistance et cela révèle que le contrôle de l’État appartient aux militaires.

Elle a été réprimée deux fois, sans motif, ni aucune raison et dans une violation claire et affichées des droits des manifestants qui marchaient pacifiquement. Il y a eu des personnes écrasées, gazées, blessées et hospitalisées. C’est un régime d’illégalité et d’illégitimité auquel les hondurien(ne)s ne doivent pas obéissance.

L’État a le devoir de promouvoir, d’assurer, de protéger et de garantir la sécurité d’une manifestation populaire. C’est une expression de ce qu’il doit entretenir, le soin et la garde les droits de la population.

Complément de B* à l’ajout de P :

S* a joint des photographies de la deuxième répression d’aujourd’hui. Je les partage avec tous et en particulier si certains ont accès à des organisations des Droits de l’Homme. Les visages des responsables de la répression d’aujourd’hui apparaissent sur certains clichés.

Pour le cas de l’IMG_0006 nous voyons le visage d’un individu qui depuis un toit filmait ou photographiait [NDT : avec son téléphone] les compagnes et compagnons de la résistance. Nous ne tombons pas dans la paranoïa mais nous connaissons son visage.

Dans les imagees suivantes, nous voyons les visages des répresseurs.



Je veux également lancer cette plainte : dans les deux images ci-dessous nous voyons gisant au sol notre compagnon Roger Abraham Gomez de 51 ans de l’Hato de Enmedio. Il a été frappé dans la colonne vertébrale par des éléments des Cobras [NDT : groupes d’interventions de la police, ultra-violents] et des militaires et une fois à terre ils ont continué à le frapper. Grâce à la solidarité de beaucoup de compagnes et de compagnons, il a eu du secours rapidement et on a obtenu qu’il soit soigné par la Croix-Rouge et les Pompiers. L’ambulance des pompiers l’a conduit à l’Hôpital Escuela. Si quelqu’un le connaît s’il vous plaît, présentez-vous à l’hôpital pour s’en occuper, et s’il est possible informez-nous de son état de santé.


L’armée nous demandent de dénoncer nos administrés !!

Témoignage de M* maire du village de A* :

C’est avec indignation que nous avons reçu ce communiqué envoyé par les forces armées à tous les maires du Honduras et peut-être à d’autres personnes, dans lesquelles on leur demande d’être des informateurs, des rapporteurs, des oreilles, des agents d’investigation !!!!!!
Pour qu’ils donnent des informations sur les leaders de la résistance de leur commune aux forces armées ! Comment cela s’appelle-t-il ? Est-ce, un État de droit ou un régime policier de terreur ? Qu’est-ce que l’on prétend avec cette information ?.

Est-ce que cela est un coup d’État militaire ou pas ?
En plus ils font savoir qu’ils demandent ces informations pour protèger les informateurs du "malheur" !

S’il vous plaît diffusez et informez ce qui se passe au Honduras.

De plus nous avons reçu un communiqué confidentiel de la Banque Centrale du Honduras, qui sans un ordre judiciaire, comme la loi l’exige, demande que l’on enquête sur les comptes de 52 personnes, pour le moment (sûrement qu’ils ont déjà effectué des recherches ou ils feront des recherches supplémentaires), pour les accuser de terrorisme ou de blanchiement. C’est une transgression de la loi de la part des occupants de la banque Centrale du Honduras.


* Pour la sécurité des correspondants tous les noms dans ces témoignages, sauf ceux des victimes et des bourreaux, ont été modifiés.

NB : Nous conservons les photos hautes résolutions des différents témoignages que nous reccueillons par mail. Nous pouvons les communiquer afin de mettre en place un dossier sur les responsables de la dictature.
Nous demander sur primitivi[à]no-log.com

Traduction : Primitivi