Depuis l’élection contestable du nouveau président Porfirio Lobo (dit Pepe Lobo), alors que ce dernier ne prendra ses fonctions que le 27 janvier prochain les violences contre les résistants au putsch et les plus pauvres augmentent de jour en jour.
Les attentats et les actions qui pourraient être qualifiés de racistes contre la communauté Garífuna (population noire de la côte atlantique) se multiplient également. La semaine dernière les locaux d’une radio ont été incendiés par des inconnus après avoir dérobé l’ordinateur de la station.
La radio communautaire Coco Dulce victime d’un attentat
La radio Coco Dulce a été victime le mercredi 6 janvier au matin d’un attentat commis par des inconnus. Ils ont volé le principale ordinateur de la radio et ont incendié les installations.
Ce sont les voisins qui ont permis de contrôler le feu.
La radio soutien le rejet par la communauté de l’installation d’un complexe touristique dans la région. Le directeur de la radio, Alfredo López, a décrit ce fait comme un "sabotage" contre la radio communautaire. Il a affirmé que ce n’est pas la première fois qu’ils subissent des menaces.
La Radio se trouve dans la région de Bahía de Tela, à 7 kilomètres de la ville de Tela, dans la communauté de Triunfo de la Cruz.
Dans une communication avec la radio Marcala du Honduras, López a lié le fait à la campagne réalisée par la radio aux côtés de la communauté pour le rejet de l’installation d’un complexe touristique dans la baie. Il a aussi rappelé que la campagne a permis d’arrêter le projet soutenu par des autorités et décrié par les habitants.
La radio diffuse les messages des communautés pour maintenir les terres en tant que propriété collective ancestrales des peuples originaires.
La station de radio fait la partie de l’organisation Fraternelle Noire Hondurienne qui compose le Front National Contre le Coup d’État.
Pourquoi ont-ils brûlé la radio communautaire garífuna ?
En 2002 des inconnus ont dérobé l’émetteur et d’autres outils clés de la radio. Le peuple garífuna s’est trouvé exposé à un processus lent d’assimilation par la culture dominante par l’intermédiaire des médias de masse, des sociétés privées qui se trouvent dans les mains de figures assez connues dans le pays comme manipulateurs de l’information.
Le manque de médias propres apartenant au peuple garífuna les a conduits à un appauvrissement culturel accéléré, qui est chaque jour plus douloureux. La majorité des communautés où il y a un accès à la télévision sont confrontées à une aliénation permanente par la surconsommation, l’acculturation, l’aliénation (football, mode, feuilletons télévisés, caricatures et violence) et le terrorisme médiatique, de même ils ont vu une baisse de l’utilisation de leur langue, qui malheureusement est devenue la deuxième langue.
Dès 1997, la radio Faluma Bimeti a commencé à émettre, mise en place par le Comité de Défense de la Tierra de Triunfo (CODETT), avec l’intention de garantir la culture garífuna et de défendre le territoire ancestral de la communauté.
Triunfo de la Cruz, ainsi que les autres communautés garífunas de la Bahía de Tela, sont devenus des zones de conflit face à l’intervention d’entrepreneurs, d’hommes politiques et d’investisseurs étrangers qui cherchent à s’emparer des terres communautaires pour la construction de projets touristiques.
Les usurpations systématiques dont souffre la communauté, pour donner leur territoires à des mains étrangères, a conduit le CODETT à présenter une pétition devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’homme (CIDH), organisme qui a accepté le cas le 14 mars 2006, en l’enregistrant sous le N0. 125-48. Pour l’élite de pouvoir du Honduras, la position tenue par la communauté de Triunfo en ce qui concerne la défense acharnée de leur territoire ancestral, est un défi qui va à l’encontre de ses intérêts économiques.
Le Honduras est connu pour son haut niveaux de pauvreté entretenu par une minorité qui maintient le pays sous un régime féodal. L’utilisation des médias de masse par les "féodaux" locaux, a été un outil efficace de contrôle et de manipulation.
Aussi comme dans le reste d’Amérique Latine les monopoles de la communication ont servi à cultiver une distorsion de l’information et à perpétuer une situation de domination. Les radios communautaire garífunas sont venues appuyer durant la dernière décennie la protection de la culture garífuna, culture intimement liée à la Terre-Mère, établissant ainsi un précédent entre les différentes parties du peuple Garífuna.
Quatre radios communautaires sont actuellement installées et dans un avenir proche ils rêvent d’étendre le réseau sur tout le territoire garífuna. Le but primordial : garantir et enrichir leur culture, défendre le terriotiro ancestral et en même temps construire un système d’alerte surveillant le changement climatique, les tremblements de terre, et les maladies.
L’attentat contre la radio Faluma Bimeti se réduit à ce que l’élite de pouvoir brûle le fait que que les garífunas se trouvent dans un processus de résistance culturelle qui dure depuis 212 ans et il n’y a qu’un pas pour qu’ils leurs chaînes après avoir partagé une défense active contre la destruction de la démocratie, contre la félonie commise l’été dernier par l’oligarchie locale avec l’appui de la droite conservatrice des États-Unis.
Devant ces faits l’OFRANEH exige le respect pour le droit à l’information, comme l’indique l’Article 13 "Liberté de pensée et d’expression" de la Convention Interaméricaine des Droits de l’homme. De fait ils demandent l’ouverture d’une enquête exhaustive sur cet acte sauvage perpétré contre la radio communautaire garífuna et contre le peuple Garífuna en général.
La Ceiba, 8 Janvier 2010
Sources :
Agencia Pulsar Radio comunitaria Coco Dulce sufre atentado en Honduras
Vos El Soberano ¿Por qué arden las radios comunitarias garífunas ?
Traduction : Primitivi