7 octobre 2009
Finalement, des données fiables sur l’opinion du peuple hondurien vis-à-vis du coup d’état du 28 juin, du "président" Roberto Micheletti, du Président Manuel Zelaya et de la résistance nationale civile.
Les données des enquêtes, que nous rendons publiques pour la première fois ici, montrent que la grande majorité des honduriens s’opposent au coup d’état, s’opposent au "président" Micheletti et sont en faveur du rétablissement de son président constitutionnel, Manuel Zelaya (dans un rapport 3 fois majoritaire).
Le 9 février de cette année, la Gazette Officielle du gouvernement hondurien, a publié la certification octroyée par la Cour Suprême Électorale, à une compagnie enquêteuse de Tegucigalpa, COIMER et OP (consultants dans la recherche de marchés et dans les sondages d’opinion publique). Celle-ci a été certifiée comme une compagnie légalement autorisée pour réaliser les enquêtes concernant les élections du 29 novembre. Le Tribunal a inspecté la méthodologie de la compagnie, de ses bureaux et de son personnel, en lui donnant l’approbation et le feu vert pour interroger le peuple hondurien.
Narco News a obtenu les résultats complets d’une enquête récente de COIMER et d’OP réalisée à 1470 citoyens honduriens âgés de plus de 18 ans, de foyers sélectionnés au hasard (il a été permis de sonder uniquement une personne par maison), en respectant des rapports proportionnels à la population nationale, départementale et municipale, et en adaptant d’autres mesures démographiques du pays (le sexe, l’âge, etc.). L’enquête a été réalisée entre le 23 et le 29 août de cette année. L’enquête a une marge d’erreur de 4%.
C’est le premier sondage public fait depuis l’enquête de Gallup en juillet, qui avait montré qu’une pluralité d’honduriens s’opposaient au coup d’État et à Roberto Micheletti, et qui voulaient le retour de Zelaya à la présidence. Ce qui est intéressant, c’est qu’entre juillet et août, cette simple pluralité s’est transformé en une grande majorité, comme une évidence que le mouvement de la résistance civile pacifique a efficacement fonctionné pour dépouiller la légitimité ce régime putschiste. Dans l’enquête de fin août, seulement 17. 4 % des honduriens sont en faveur du coup d’État, seulement 22.2% croient que Micheletti doit rester dans la charge, et seulement 33 % s’opposent à la restitution de Zelaya comme président.
Et ceux-ci étaient les nombres avant que le décret impopulaire du 29 septembre de Micheletti rendant le Honduras un état de siège, ce qi a divisé encore plus ses adeptes.
Enquête
Êtes-vous à faveur ou contre le coup d’état du 28 juin passé contre le Président Manuel Zelaya Rosales ?
· Contre le Coup d’État : 52.7 %
· En faveur du Coup d’État : 17.4 %
· Pas de réponse : 29.9%
Micheletti doit-il continuer au pouvoir ou laisser le pouvoir ?
· Micheletti doit laisser le pouvoir : 60.1 %
· Micheletti doit continuer : 22.2 %
· Pas de réponse : 17.7 %
Soutenez vous ou pas le retour de Manuel Zelaya Rosales à la Présidence de la République ?
· Oui : 51.6 %
· Non : 33 %
· Pas de réponse : 15.4 %
En bilan, la population hondurienne est majoritairement contre le coup d’état et demande que Micheletti laisse le pouvoir à Mel, le président constitutionnel, et cet avis est 3 fois supérieure à l’avis opposé dans ces trois points.
Même la résistance civile nationale, diffamée quotidiennement par les médias des pro-putschistes, représentée d’une forme sensationnaliste comme en hors de la loi et comme une menace à l’ordre civil, possède l’appui de la population hondurienne.
Êtes-vous en accord ou en désaccord avec les marches de la résistance nationale qui se réalisent dans tout le pays en opposition au Coup d’État ?
· Soutient les marches : 45.5 %
· Ne les soutient pas : 41.8 %
· Pas de réponse : 12.7 %
Croyez-vous qu’il y a répression ou pas de la part de l’armée et de la police nationale contre les marches de la Résistance Nationale ?
· Il y a une répression : 54.5 %
· Il n’y a pas de répression : 23.7 %
· Pas de réponse : 21.8 %
Êtes-vous d’accord avec la répression de l’armée et la police contre la résistance nationale ou vous condamnez cette répression ?
· Contre la répression : 65.6 %
· En faveur de la répression : 8 %
· Pas de réponse : 26.4 %
Qui ont facilité financé le Coup d’État qui a renversé le Président Manuel Zelaya Rosales : le secteur politique, patronal, militaire ou le capital international ? Lequel de ces secteurs croyez-vous qui a favorisé le coup ?
· Tous les mentionnés : 23.6 %
· Le secteur patronal : 16 %
· Le secteur politique : 15 %
· Aucun des mentionnés : 9.5 %
· Le secteur militaire : 6.7 %
· Le capital international : 2.4 %
· Pas de réponse : 26.8 %
L’enquête de COIMER et d’OP révèle aussi le fait terrifiant sur la liberté de presse sous le régime putschiste : que les deux stations nationales de télévision et de radio clôturées par le régime sont les sources les plus fiables dans le pays, avec une plus grande préférence.
Grâce à quelle émission radio préférez-vous vous informer des événements du pays ?
· Radio Globo : 23.4 %
· HRN : 22.4 %
· Radio America : 13.7 %
· Radio Cadena Voces : 0.7 %
· Les autres (locales) : 10.3 %
· Pas de réponse : 29.5 %
Grâce à quel téléjournal préférez vous être informé sur les événements du pays à la suite du Coup d’État contre le Président Manuel Zelaya Rosales ?
· Le canal 36 Cholusat : 18 %
· Le canal 6 : 15.9 %
· TN5 : 15.7 %
_ · Abriendo Brecha : 10.7 %
· Hable como habla : 7.8 %
· TVC : 7.3 %
· Once Noticia : 3.7 %
· Des canaux locaux et régionaux : 9.5 %
· Pas de réponse : 11.4 %
Par quel journal qui circule dans le pays préférez vous vous informez sur les événements du pays à la suite du Coup d’État contre le Président Manuel Zelaya Rosales ?
· La Prensa : 22.6 %
· La Tribuna : 12.2 %
· El tiempo : 9.9 %
· El Heraldo : 9.3 %
· El Libertador : 1.2 %
· Pas de réponse : 44.8 %
Curieusement, avant le 28 juin, le quotidien el Tiempo de San Pedro Sula était le quatrième journal le plus lu dans le pays. Depuis le coup d’État, il a déjà surpassé El Heraldo et il rattrape le deuxième le plus lu, La Tribuna, tous les deux de Tegucigalpa. El Tiempo est le seul quotidien sur les quatre existants qui n’a pas offert une version extrême pro putschiste.
Croyez-vous que les élections générales que le Cour suprême Électoral (TSE) a programmé pour le 29 novembre doivent être réalisés sans que la crise soit résolue ou pas ?
· Oui, elles doivent être réalisées : 66.4 %
· Non, elles ne doivent pas être réalisées : 23.8 %
· Pas de réponse : 2.9 %
Vous adhérez à quel(s) parti(s) politique(s) ?
· Au parti Libéral : 38.5 %
· Au parti National : 28.5 %
· Au partie Union Démocratique (UD) : 1.4 %
· Au Démocratie Chrétienne (DC) : 0.9 %
· Candidature indépendante : 2.9 %
· Aucun : 21.5 %
· Pas de réponse : 5.0 %
Voterez-vous dans les élections générales pour choisir le président, les députés et les maires ?
· Oui : 53.8 %
· Non : 18.8 %
· Peut être : 12.5 %
· Ne sait pas : 9 %
· Pas de réponse : 3.5 %
Quelle opinion vous avez des candidatures indépendantes ?
· Une bonne Opinion : 51 %
· Une mauvaise Opinion : 16.2 %
· Pas de réponse : 32.8 %
Si les Élections générales se réalisent aujourd’hui : pour quel candidat de président de la République voterez-vous ?
· Pepe Lobo (Parti National) : 28.2 %
· Elvin Saints (Parti Libéral) : 14.4 %
· Carlos H. Reyes (Indépendant) : 12 %
· César Ham (Union Démocratique) : 2.2 %
· Bernard Martínez (PINU) : 1.2 %
· Felipe Ávila (Démocrate Chrétienne) : 1 %
· Aucun : 24.7 %
· Pas de réponse : 16.3 %
Avec ces nombres combinés, nous pouvons voir que tandis que le Parti Libéral de Zelaya continue à être le plus populaire, le candidat pro putschiste issu du même parti, Ellvin Santos, est repoussé par près de deux tiers des membres de son propre parti. Nous pouvons aussi apprécier un intérêt très bas dans la participation électorale, avec seulement 53.8 % des honduriens qui vont voter. Par ailleurs, s’il y a une solution négociée rapidement pour que le mouvement de la résistance participe aux élections de façon propre, le candidat indépendant, Carlos H. Reyes, est très bien placé pour remplacer le candidat du Parti Libéral comme l’un de deux candidats préférés, l’alternative la plus viable à Lobo, spécialement si, comme il est prévu, le candidat du parti Union Démocratique, César Ham, s’unit dans une coalition avec Reyes.
Mais, bien sûr, parler comme cela est prématuré, puisque actuellement les conditions n’existent pas pour réaliser des élections libres et justes, et il n’est pas clair s’il y a le temps suffisant pour régler cela dans 53 jours.
Ce tableau mesure la popularité contre la qualification négative, avec la catégorie intermédiaire :
Les figures politiques les plus populaires dans le pays sont :
· Président Manuel Zelaya : 44.7 % (contre 25.7 % négatif)
Et :
· La Première Dame, Xiomara Castro de Zelaya : 42.6 % (contre 17.9 % négatif)
Qui jouissent de la plus grande popularité comparée à toute autre figure nationale - après une campagne de relations publiques massives d’annonces sur la télévision et les radios, pendant tout l’été, et dans les journaux nationaux pro-putschistes qui décrivent Zelaya comme un mauvais - est aussi une indication de la crise de crédibilité des médias pro-putsch avec le public.
Les figures politiques les moins populaires du Honduras sont les personnes perçues comme les leaders du putsch :
· Le "président" conjuré Roberto Micheletti : 56.5 % d’avis négatifs (seulement 16.2 % d’avis positifs)
· Le candidat du Parti Libéral, d’Elvin Santos : 45.2 % d’avis négatifs (18.6 % d’avis positifs)
· Le cardinal Oscar Andrés Rodríguez : 42.6 % d’avis négatifs (26.1 % d’avis positifs)
· Le général Romeo Vásquez : 40 % d’avis négatifs(19.1 % d’avis positifs)
· Le candidat du Parti National, de Pepe Lobo : 34.1 % d’avis négatifs (30.5 % d’avis positifs)
Curieusement, le candidat indépendant et anticonjuré, Carlos H. Reyes est plus populaire (24.6 %) qu’impopulaire (14.1 %) comme le sont les voix des médias anitputsch, comme Eduardo Maldonado de Radio Globo (31.4 % positif contre 23.2 % négatif) et Esdras Amado López du Canal 36 (23.5 % positif contre 17.3 % négatif). Ils sont, avec les époux Zelaya, les uniques figures publiques qui jouissent d’une approbation très significative des Honduriens.
Le résultat final : La majorité du peuple hondurien s’oppose au coup, s’oppose à Micheletti et une vaste majorité s’oppose à la répression du régime contre la résistance nationale. Et une pluralité appuie ouvertement le mouvement de la résistance civile.
Donc quand la Congressiste Republicaine étasunienne, Ileana Ros-Lehtinen, a émis hier un "communiqué" sur twitter, en affirmant que “personne ne veut voir Zelaya revenir”, il était très, mais très erroné. Tous ceux du régime, jusqu’à la diaspora oligarque, jusqu’à Lanny Davis et aux consultants politiques américains qu’ils ont embauchés, à certains malapris (pas tous) chez les expatriés américains au Honduras qui répétaient des affirmations sans fondement comme quoi la majorité des Honduriens étaient en faveur du coup, ou qu’ils appuyaient Micheletti, ou qu’ils s’opposaient au retour de Zelaya, restent maintenant comme des imbéciles, et leur crédibilité est nulle. Ils ont seulement inventé tout cela, en croyant que nous serions assez naïfs pour les croire. Mais ici nous leur avons donné, finalement, les chiffres durs, maintenant disponibles pour tout le public.
Qui plus est ces résultats expliquent pourquoi le régime conjuré, ses chambres de commerce et d’autres grosses organisations patronales — les forces dans le pays qui peuvent être se permettre d’embaucher des entreprises de sondage — n’ont pas publié publiquement les données de leurs propres enquêtes internes : Pare qu’ils savent également qu’une majorité d’honduriens leur sont opposés, et qu’ils sont également moins populaires que le mouvement non violent de résistance civile qu’ils traitent avec tant de dédain.
Al Giordano
Source : Narconews via Honduras en lucha ! Encuesta : La Amplia Mayoría de Hondureños se Oponen al Golpe de Estado, Quieren a Zelaya de Vuelta
Traduction : Angela R.