Les organisateurs du festival dans lequel a été diffusé "L’insurrection du XXIe Siècle", ont défendu la publication du documentaire polémique des Farc.
L’association de Documentalistes Argentins, Doca, a dit que la position du gouvernement colombien face à la diffusion du documentaire sur les Farc, "l’Insurrection du XXIe siècle", était la conséquence d’un gouvernement autoritaire et “qui détient des records de plaintes pour violation des droits de l’homme”.
La publication du documentaire dans un festival en Argentine, a ouvert un débat en Colombie sur l’étendue des tentacules des Farc à l’étranger. Le président Álvaro Uribe et le Ministre de la Défense, Gabriel Silva ont argumenté que les Farc ont été appuyées par des étrangers dans l’élaboration du documentaire qui cherche à blanchir l’image du groupe guerrier. Le Ministre Silva a dit que ceux qui diffusaient la publicité des Farc, étaient leurs complices.
Le documentaire montre un groupe de guerilleros agricole, défenseur des droits de l’homme et féru d’histoire a engendré l’indignation de plusieurs parties de la société colombienne, puisque cette organisation est l’auteur de multiples enlèvements, d’assassinats et de plusieurs faits violents qui ont endeuillée le pays pendant plusieurs années.
Devant les déclarations du gouvernement colombien, l’association de documentalistes a émis un communiqué dans lequel elle a défendu le droit de l’organisation à la diffusion du documentaire. Elle dit que le documentaire avait été déjà montré dans d’autres pays. Doca a aussi qualifié la posture du gouvernement colombien comme une intromission à la liberté d’expression en Argentine.
L’association a dit que ses membres n’ont pas d’opinion unanime au sujet des Farc, “mais qu’ils en ont une au sujet du gouvernement Uribe : un répresseur autoritaire qui prétend à la réélection éternelle pour garantir l’installation de bases militaires nord-américaines et pour augmenter ainsi le pouvoir de feu impérialiste contre les peuples latino-américains”, a dit l’organisation.
"Ils ne méritent même pas de réponse", a dit le Ministre de la défense sur le documentaire (lien audio)
"Il faut apporter une information réelle aux médias" : l’Ambassadeur de la Colombie en Argentine (lien audio)
Voici le communiqué publié par l’association Doca :
Depuis trois ans l’Association de Documentalistes Argentins – DOCA, développe un festival national du cinéma documentaire indépendant dans notre pays. Lors des deux dernières éditions les écrans ont été ouverts à la production internationale en mettant l’accent sur les réalisations latino-américaines les plus récentes.
Nous sommes conscients que le genre documentaire aborde des thèmes et des points de vue qui s’éloignent de ce que nous pouvons voir d’habitude avec les mass médias. C’est pour cela que le festival et le documentaire conserve leur validité et leur public.
Dans la Section Internationale du 3° festival DOCA qui s’est déroulé à Buenos Aires en novembre 2009 (dont la programmation a été rendue publique bien que non publiée par les grands médias – en exception faite de la chaîne de l’Etat-), plusieurs productions qui montrent différents aspects et divers regards sur les luttes des peuples latino-américains ont été projetées, parmi celles-ci, et avec une grande affluence de public, nous avons projeté le documentaire “L’insurrection du XXIe siècle”.
Cela fait presque deux mois que cette projection publique du documentaire a eu lieu (ce dernier avait été déjà montré dans plusieurs pays latino-américains et européens ainsi qu’au festival de la Havane), le président de la Colombie, Álvaro Uribe, critique la projection du film en faisant remarquer que “c’est une vidéo que des étrangers ont aidé à faire pour lzur permettre de diffuser un autre mensonge vers le monde (sic)".
De la même manière le ministre de la Défense colombien, Gabriel Silva, a dit à ce sujet que "qui diffuse une publicité, les actes terroristes ou les proclamations de ces bandits, est un de leurs complices”.
Cette posture de condamner l’exhibition d’un documentaire dans un autre pays, on en garde seulement qu’elle vient d’un gouvernement qui détient des records de plaintes pour violation des droits de l’homme.
D’un autre côté, en plus d’être une intromission étrangère inadmissible dans la liberté d’expression argentine, le ministre de la Défense a recours à un argument fallacieux, puisque l’on pourrait appliquer sa réflexion à tout film ou journaliste qui fait part de faits discutables et habituels de la politique internationale. Dans cette ligne de pensée on pourrait accuser toute organisation de festival de nazi pour avoir passé un film de Leni Riefenstahl, de castistre pour avoir diffusé les filme de Santiago Álvarez, ou d’anti-impérialiste pour avoir projeté un documentaire de Michael Moore.
On a été aussicritiqué que les Farc : l’insurrection du XXIe siècle, est réalisé par un collectif dont les pseudonymes apparaissent dans les crédits. Mais ils ignorent que l’histoire du cinéma est traversée par de nombreux films dont les auteurs sont restés anonymes. Que beaucoup de documentalistes poursuivent la construction d’un corpus critique plus qu’une vitrine pour y montrer son nom. Et que différents contextes historiques ont déterminé cette posture de sécurité des cinéastes et des artistes.
Cependant, cette réaction des alliés impériaux en Amérique Latine ne nous perturbe pas. L’assemblée des associés de la Doca n’a pas d’opinion unanime à propos des Farc, mais elle en a une à propos du gouvernement d’Uribe : un répresseur autoritaire qui prétend à la réélection éternelle pour garantir l’installation de bases militaires nord-américaines et pour augmenter ainsi le pouvoir de feu impérialiste contre les peuples latino-américains.
Ainsi comme la DOCA a été le vecteur qui a offert au public argentin la possibilité de voir, de comprendre voire de supporté la documentaliste chilienne Hélène Varela qui souffre de persécutions pour avour défendu les intérêts du peuple mapuche, et nous mettons en cause Michel Bachelet pour sa responsabilité, nous continuerons normalement l’activité de notre association sans nous laisser intimider par aucun type de fausses accusations ou de menaces.
Liberté pour l’art, la défense irrepressible de la liberté démocratique et de l’expression.
Voici deux extraits du film et la sortie de la projection de "Farc Insurgencia del siglo XXI" à Buenos Aires :
Un extrait du documentaire (en vo).
Un second extrait du documentaire (en vo).
La sortie de la projection durant la DOCA-09
Source : Fiora et Semana “El gobierno de Uribe es autoritario y represor” : documentalistas argentinos
Traduction : Primitivi