Le général Romeo Vásquez Velásquez, chef des armées du Honduras (et fortement soupçonné d’être la véritable tête du putsch) serait-il entrain de renouer avec les sales vieilles manies issues du Plan Condor ? La constitution du Bataillon 14+5 semble le laisser croire.
Cet article de l’argentine Cecilia Villafañe nous fait faire une petite plongée dans une histoire glauque mais très proche dont quasiment tous les membres sont encore en place, voire en fonction.
Ne dit-on pas que les mauvaises habitudes sont les plus difficiles à perdre ?
La politique de terreur de l’actuel état instaurée par la dictature militaire hondurienne cherche à se masquer derrière une façade de régime civil, mais est en réalité dirigé par le sociopathe Romeo Vásquez Velásquez (en)(es), personnage qui a déjà été signalé à la Cour Pénale Internationale comme responsable des assassinats, des viols, et des tortures subis par des milliers de honduriens durant les années 80, et qui sont parfaitement reconnaissables comme extraits du manuel de la guerre froide [NDT : concocté pour l’École des Amérique par la CIA avec l’aide d’instructeurs français].
Les 5 généraux putschistes qui dirigent les forces armées honduriennes n’ont pas beaucoup eu à faire pour inaugurer l’état de terreur sous laquelle vivent les Honduriens aujourd’hui, ils sont simplement sortis les vieux albums de photos et les sanglants manuels d’opérations que leur a laissé Billy Joya, un triste sbire de la CIA que l’administration judiciaire hondurienne corrompue n’a pas voulu accuser comme il le mérite. [Voir Billy Joya, le nouveau conseiller du président putschiste, tortionnaire et chef des escadrons de la mort]
Après avoir épousseté les maudits documents, et après les avoir pieusement ouverts sur la table qui leur sert pour planifier les exécutions extrajudiciaires de manifestants, le reste est facile, et les nouveautés sont peu nombreuses, bien que nous puissions mentionner la surprise causée par l’information que les chefs militaires s’arrogent maintenant jusqu’au pouvoir d’appeler à des élections qui, tout en étant certainement frauduleuses, ne vont pas pouvoir les sauver d’une poursuite pénale internationale, ce dont ils pourront se moquer durant un certain temps mais pas indéfiniment, ou alors ils n’ont pas écouté l’anecdote de Fujimori.
Remontons un peu le cours de l’Histoire :
En avril 1982, basés sur les recommandations d’un séminaire militaire conjoint États-Unis/Honduras les forces armées honduriennes ont cédé le contrôle de l’Unité Spéciale des Forces de la Sécurité Publique (FUSEP) à une division d’intelligence militaire des Forces armées. Selon un document déclassifié de la CIA, « l’intention de ce changement a été d’améliorer la coordination et le contrôle, de disposer de plus grands recours personnels et de s’intégrer dans la production de l’INTEL (intelligence) ».
Avec ce changement, l’Unité Spéciale a aussi changé son nom pou celui de Bataillon d’Intelligence 3-16 [NDT : connu aussi sous le nom de Groupe des 14], un corps paramilitaire clandestin responsable des disparitions et des exécutions extrajudiciaires, constitué à l’image du Bataillon 601 et qui a été entraîné par le FBI et la CIA, l’Argentine et le Chili.
[Voir le Bataillon 3-16 (en) et (en) et l’Opération Condor]
Voyons le présent : une fois encore les Forces Armées ont absorbé la Police Nationale, qui maintenant ne peut déjà plus s’appeler civile, puisque sa militarisation est pleinement démontrée, même dans des cas comiques et brillants comme l’est celui de ce bavard de Molina, qui se référait à lui-même comme militaire, bien qu’il soit à ce moment-là un fonctionnaire de police.
[Voir Témoignage du chef de la police putschiste]
Le 2 janvier 1984, le sociopathe sanglant Álvarez Martínez a signé les accords ministériels de défense nationale et de la sécurité publique qui ont officiellement créé et ont assigné du personnel au Bataillon 3-16. [NDT : le général Gustavo Álvarez Martínez, ami de John Negroponte, a été assassiné par des inconnues le 25/01/89 (es)] De nombreux membres étaient originaires des FUSEP, et bien qu’ayant un autre nom, ils continuèrent d’appliquer les mêmes tactiques répressives, avec une plus grande précision. La façade civile pour soutenir économiquement l’appareil répressif clandestin et paramilitaire était assurée par l’Association pour le Développement du Honduras (APROH).
Un document déclassifié du Département de la Défense des États-Unis intitulés « l’Organisation d’Intelligence au Honduras (U) » il indique que le Bataillon 3-16 « avait établi des centres d’opérations secrets dans les principales villes et travaillait en collaboration étroite avec la DNI et son réseau d’agent et d’informateurs ».
Selon le rapport, « la Compagnie de Contre-espionnage (CI) est la partie la plus développée du MIB (Bataillon d’Intelligence Militaire), et apparemment jouit de la plus grande priorité. La Compagnie CI n’est pas grande, elle dispose probablement de moins de 50 membres. La plupart du personnel qui travaille dans la Compagnie un CI sont des agents de la DNI. La mission principale de la Compagnie CI est de développer le renseignement, par des moyens secrets, relatif à des groupes, à des partis ou des individus subversifs et antigouvernementaux qui peuvent constituer une menace ».
Quelques membres du Bataillon 3-16 ont reçu un entraînement pour des opérations psychologiques et techniques « d’exploitation de ressources humaines » de la part d’instructeurs de la CIA, y compris des exercices pratiques dans lesquels de vrais prisonniers étaient interrogés. Un article du New York Times indiquait que les interrogateurs honduriens entraînés par les États-Unis torturaient systématiquement les prisonniers mis sous sa surveillance, il a mis en lumière cet entraînement en 1988.
[Voir Testifying to torture 05/06/1988 (en)]
Cet organisme opérait en collaboration avec la FUSEP et la DNI (la Direction Nationale d’Investigations) pour l’élimination “de toutes les personnes qui causaient des problèmes aux Forces armées du Honduras ou qui étaient incorrigiblement communistes”, comme explique un document d’un organisme des droits de l’homme.
Parmi les instructeurs les plus connus, il y a l’agent du Bataillon 601, Ciga Correa, qui avait déjà collaboré avec la DYNE à l’assassinat du général Carlos Prats et avait entraîné l’Alliance Anticommuniste Argentine (AAA) avec Seineldín.
Il a été instructeur à l’École d’Entraînement Basique d’Infanterie EEBI des officiers somocistes et pourvoyeur des renseignements argentin en Amérique Centrale. Il a été reconnu comme l’un des instructeur du Groupe des Quatorze, un groupe précédent le Bataillon 3-16. Selon un document déclassifié de la CIA, en septembre 1987, le commandant en chef des Forces Armées Honduriennes, le général Humberto Regalado, a ordonné la dissolution du Bataillon 3-16.
Cependant, il a créé une autre unité du contre-espionnage qui a conservé une partie des fonctions et du personnel du bataillon. Au Honduras, Le « Bataillon 3-16 » était devenu synonyme de toutes les activités assimilées à celles des escadrons de la mort. De par la notoriété qu’il avait acquise au cours des années beaucoup d’activistes des droits de l’homme honduriens et d’autres pays attribuèrent toutes les séquestrations, disparitions et assassinats arrivés au Honduras durant les années 80 au « Bataillon 3-16 ».
Cette organisation a été responsable de la séquestration, la torture, la disparition et l’assassinat d’au moins 184 étudiants, professeurs, journalistes, et activistes de droits de l’homme honduriens dans les années 80.
Récemment des investigations ont attribué au commandement et au contrôle de certains officiers militaires honduriens la responsabilité des abus contre les droits de l’homme commis par leurs subordonnés. Parmi ceux-ci, se détachent des anciens dirigeants du Bataillon 3-16, le lieutenant-colonel Luis Alonso Discua Elvir, le commandant Inocente Borjas Santos et le lieutenant-colonel Luis Alonso Villatoro Villeda.
D’autres officiers militaires suspectés d’avoir violé ces droits sont Alexander Hernández, Billy Joya Amendola et Juan Evangelista López Grijalba.
Revenons encore une fois au présent : en plus d’avoir pleinement absorbé la Police Nationale, que l’on peut maintenant appeler ’police militarisée’, Romeo Vásquez Velásquez, maintenant général putschiste a intercalé ses mauvais offices et la peur de la justice pour créer un nouveau Bataillon 3-16, avec un nom qui nous rappelle que les militaires ont complètement dépensé leur créativité : le ‘Bataillon 14+5 ’.
Selon des membres du Bataillon 14+5 qui ont été en contact avec des leaders de la Résistance, au moins un tiers des membres du bataillon clandestin sont sous la menace de mort, et il ne leur est pas permis d’en sortir librement, ce qui les mettrait dans une position encore plus dangereuse que celle d’un inculpé, puisque les membres de cette unité militaire sont obligés d’exercer les tâches de sicaire extrajudiciaire, contre leurs propres désirs.
Selon les membres, le nom du bataillon trouve ses origines avec les quatorze commandos militaires spécialisés en contre-insurrection qui ont été soigneusement choisis par Romeo Vásquez Velásquez pour renverser par les armes le Président Manuel Zelaya, à qui ont été adjoints 5 commandos policiers provenant du Commando Spécial les Cobras, COECO. Pour violer l’État de droit au Honduras, sortir un civil désarmé de sa maison comme seuls des psychopathes peuvent le faire, le traîner sous les coups dans un autre pays, et asseoir dans le fauteuil présidentiel sept heures après le coup militaire un pantin servil, gagnant grâce à cela une place de choix dans le Musée de Putschs Latino-américains.
Avec le Bataillon 14+5 de Romeo Vásquez Velásquez notre chère Amérique Latine ne fait rappeler de façon douloureuse que le pouvoir assailli par des psychopates n’est pas le pouvoir, mais plutôt une abomination humaine des plus cruelle et cassante.
de Cecilia Villafañe, Argentine.
Source : Habla Honduras Terror : El Batallón 14+5 de Romeo
Traduction : Primitivi