Le festival la Première Fois a donné carte blanche à Primitivi pour imaginer une proposition interactive à partir du projet de la Bataille de la Plaine. Belle aubaine pour essayer une nouvelle forme et produire une étape supplémentaire dans ce long processus qu’est la fabrication collective de ce film. Nous sommes partis sur l’idée de proposer aux spectatrices et spectateurs d’écrire des voix-off qui viennent apporter d’autres regards sur le récit.
Nous avons projeté une version résumée du montage en cours qui fasse le tour de la narration et des formes que nous essayons de confronter. Puis nous avons proposé aux spectateurs de se retrouver en petits groupes de 2 à 5 personnes, puis de choisir parmi 5 propositions que nous avions pré-déterminées un moment clé du fil chronologique (après telle séquence, avant celle-ci), une situation (la colère gronde, le quartier est abandonné par la municipalité, etc.) et un personnage (un gérant de kébab de la place de la Plaine, une personne qui vient d’acheter un appart dans le quartier, etc.) et enfin d’écrire ensemble des voix du film sur des séquences muettes que nous avions préparées.
Les groupes se sont formés très vite et se sont mis à l’ouvrage ; ils n’avaient qu’une demi heure ! Tout le monde a joué le jeu et nous avons été joliment surpris.
C’est vraiment étonnant comment des gens qui ne sont pas préparés un samedi matin et se voient embarqués dans une proposition a priori pas bien évidente, sont exaltés par le fait de se réunir pour éprouver une écriture collective si contraignante.
Puis nous sommes retournés dans la salle de projection où nous avons repassé le film abondé des séquences muettes. Chaque groupe a lu son texte-voix off en direct sur les images projetées.
Ils et elles sont devenu.e.s nos compagnon.e.s dans le processus d’écriture de ce film.
:: : Voilà ce que ça a concrètement donné :: :
1) La mairie rend public un vaste projet de "requalification" et de "montée en gamme" du quartier de la Plaine.
2) La colère gronde... Une partie de la population s’inquiète de la transformation annoncée. Des assemblées populaires s’organisent.
3) La marie abandonne le projet... et le quartier ! Il sera rayé de la carte de Marseille !
4) Des comités d’auto-organisation se mettent en place pour reprendre en main la vie du quartier.