Bolivie : Evo et l’USAID

En Bolivie, une polémique a éclaté sur le possible soutien financier par l’USAID (agence étasunienne) d’une marche indigène contre le gouvernement d’Evo Morales. Cet article rappelle que nombreuses sont les ONG, plus ou moins proches du pouvoir, au financement douteux en Bolivie. A noter, un article du même auteur écrit il y a deux ans sur le même sujet "Bolivie : entre petrolas y ONG"

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En Bolivie, une polémique a éclaté sur le possible soutien financier par l’USAID (agence étasunienne) d’une marche indigène contre le gouvernement d’Evo Morales. Cet article rappelle que nombreuses sont les ONG, plus ou moins proches du pouvoir, au financement douteux en Bolivie. A noter, un article du même auteur écrit il y a deux ans sur le même sujet "Bolivie : entre petrolas y ONG"

Andrés Soliz Rada

Le Président Evo Morales a affirmé que l’USAID [1] est une “agence de pénétration idéologique et politique au sein des organisations sociales, qui cherche à consolider les intérêts spécifiques de l’impérialisme sur le territoire national” (23 juin 2010). Le vice-président Álvaro García a qualifié cette entité de “raciste, de droite et impérialiste” (19 juin 2010). Ces propos obligent les deux dirigeants à expliquer pourquoi, malgré ces jugements moraux, ils ont permis à l’USAID, à la Banque Mondiale, et aux ONG européennes de concevoir l’État Plurinational tel qu’il est aujourd’hui. L’USAID a financé, en 2004, l’“Unité de Coordination pour l’Assemblée Constituante”. L’ONG CIPCA, du jésuite catalan Xavier Albó, est la branche bolivienne de l’agence officielle étasunienne FIA (Fondation Inter-américaine), principal moteur du projet indigéniste et des 36 nations avec leurs justices communautaires respectives. En août 2007, la Chambre des Sénateurs [2] a décidé à l’unanimité de décorer Albó, juste après que furent signés les nouveaux contrats pétroliers qui ont dénaturé la nationalisation des hydrocarbures.

Leonardo Tamburini, du CEJIS (Centre d’Études Juridiques et de Recherche Sociale), affirme que son ONG n’est financée que par l’Europe. Il fait remarquer que le CEJIS a été un “pilier fondamental de ce qui s’appelle maintenant l’État Plurinational” (“Página Siete”, 26 juin 2010), et s’est dit déçu que le gouvernement s’oppose à la création d’unités territoriales indigènes, qui feraient disparaitre les départements de Bolivie [3]. En ce moment, l’Union Européenne, les États-Unis, la Banque Mondiale et le FMI exigent de la Grèce qu’elle vende plusieurs îles afin de payer sa dette externe. Le gouvernement anglais a doté la “nation mapuche [4]” d’un siège, au 6 Lodge Street, Bristol, dirigé par l’indigène Reinaldo Maniqueo, et codirigé par un directoire intégré par les McCarthy, Stanley, Watson, Chambers, Brickley y Harvey (www.mapuche-nation.org). Le projet est lié à la future exploitation pétrolière aux Malouines. La Banque Mondiale est en train d’impulser, de manière accélérée, l’aliénation (transfert de propriété) de terres au profit de pays périphériques. Pendant ce temps, l’USAID sponsorise le référendum au Soudan, qui risque aussi de fracturer le pays (“rebelión.org”, 26-06-10) [5].

En Bolivie, on cherche à différencier les bonnes ONG des mauvaises. Le doute peut uniquement être levé par les citoyens, grâce à une information suffisante. Il revient à la ministre de la Transparence, Nardi Suxo, d’informer sur les ressources des ONG, leur provenance et leur destination, en commençant par celles dont elle est elle-même proche. L’ex-ministre d’Evo, Juan Ramón Quintana, est membre du Réseau de Sécurité et de Défense (RESDAL), lié au milliardaire George Soros, et soutenu, de plus, par la Fondation Nationale pour la Démocratie (ou National Endowment for Democraty, NED) durant le gouvernement Bush. Le Conseil Andin des Producteurs de Feuille de Coca (CAPHJ) est financé par la Commission Andine de Juristes (CAF), avec des ressources de l’USAID et de Soros. Ce personnage a géré le contrat minier de "San Cristóbal” (Potosí), ce qui a permis à ses patrons de se partager un milliard de dollars l’an passé, pour un tribut de 35 millions aux impôts.

La Fédération Autonome des Municipalités reçoit de l’aide de l’USAID et de l’OXFAM (ONG anglaise). Il est temps de publier ses comptes. Le ministre des Autonomies, Carlos Romero, est expert en mécanismes de financement des ONG. Sa contribution au rapport de Suxo sera vital. Evo a dit qu’il connait les noms des ex-dirigeants du Conseil National des Ayllus et Marcas du Qullasuyo (CONAMAQ) qui ont travaillé pour l’Ambassade des Etats-Unis. Il ne devrait pas les garder sous silence. Les partis politiques (surtout le MAS) sont obligés de détailler l’origine et le montant de leurs dépenses électorales, afin de rejeter les soutiens économiques des ONG, des entreprises pétrolières, et des organismes illégaux, convertis en avocats de l’État Plurinational. Cet éclaircissement devrait servir à ce que le pays avance dans l’éradication du colonialisme interne grâce à des politiques propres, et non pas en acceptant le soutien d’organisations étrangères qui cherchent à le désagréger.

Rebelión

Source : Andrés Soliz Rada (Ministre des hydrocarbures sous le précédent gouvernement d’Evo Morales) - Rebelión - Evo y USAID
Traduction : Sylvain


[1USAID : Agence des États-Unis pour le Développement International

[2à l’époque, la majorité au sénat était de droite

[3La Bolivie est composée de 9 départements

[4Peuple indigène du nord du Chili et de l’Argentine