L’ex-président de Cour Suprême de Justice de Colombie, Cesar Julio Valencia Copete, assure que le Département Administratif de Sécurité (DAS) continue de l’espionner lui et son avocat. Il fait également remarquer qu’une "autorité plus puissant que Marie del Pilar Hurtado (ex-directrice du DAS) est derrière" ces écoutes téléphoniques illégales, faisant référence au président de la république Álvaro Uribe.
Le magistrat de la Cour Suprême de Justice de Colombie, César Julio Valencia Copete, a déclaré mardi qu’il continuait d’être espionné par le Département Administratif de Sécurité (DAS) et il a assuré que les ordres proviennent "d’en haut".
Une "autorité plus puissante que Marie del Pilar Hurtado (ex-directrice du DAS) est derrière" ces écoutes téléphoniques illégales, déclare l’ex-président de la CSJ aux médias locaux.
Valencia Copete a fait ces déclarations en réponse à un rapport du Procureur de la République, qui mentionne un rapprochement entre Hurtado et l’ex-directrice de l’Unité d’Analyse Marta Leal, d’où sont parties les enquêtes illégales sur le magistrat et l’avocat Ramiro Bejarano.
"Nous avons des éléments qui indiquent que ces informations allaient au Palais Présidentiel. La directrice du DAS dépend directement du Président. Je ne sais s’il est lui-même derrière cela ou si c’est quelqu’un proche du Palais", a-t-il déclaré.
Le magistrat a manifesté son souci à propos de cet espionnage et a indiqué ne pas se sentir en sécurité. "Il est étrange que d’après ce que l’on a trouvé dans les enquêtes, le DAS m’ait espionné justement lorsque j’étais entrain de préparer ma défense avec mon avocat Ramiro Bejarano en prévision de la procédure lancée par le Président pour ’injure et calomnie’", dit Valencia.
Il indique que le DAS "s’était intéressé à nous sur ordre de la directrice" et précise qu’en 2007 il a envoyé une missive à la directrice du DAS à ce sujet, mais la fonctionnaire "a assuré qu’aucune opération d’espionnage n’était en cours, ce qui était faux".
"Qui sait combien de personnes sont impliquées dans ce complot contre la Cour", se demande Valencia Copete, en faisant référence aux poursuites pour parapolitique entrain d’être instruites à la Haute Cour. Pour tout cela le magistrat exhorte le Ministère Public que le jugement "ne s’arrête pas aux dirigeants politiques moyens mais qu’il soit porté jusqu’à ceux qui ont orchestré cette affaire".
Suivant la CSJ au moins 80 congressistes ont été impliqués dans des affaires parapolitiques pour lesquelles elle tente de vérifier les liaisons entre les hommes politiques, les législateurs et les Auto-défenses Unies de Colombie (AUC), le plus important groupe paramilitaire d’extrême-droite.
La majorité des sénateurs suspectés appartiennent aux partis politiques formant la coalition gouvernementale au Congrès, et toutes ces personnes ont été favorables à la réforme constitutionnelle de 2006 qui a permis à Álvaro Uribe de se représenter pour un second mandat [1].
Valencia condamne également le fait que son avocat soit aussi victime de ces enquêtes illégales du DAS :
"Je considère que les recherches qui ont été montées contre lui sont une manière de détruire le processus dû, le secret professionnel et l’égalité du procès qui doivent régner à tous niveaux", soutien le juriste. Face à la situation il a demandé à la CSJ de prendre des mesures à ce propos parce que "c’est un maillon du qui se trame depuis plusieurs jours contre la Cour Suprême de Justice".
Il fait également savoir que l’Unité d’Investigation et d’Analyse Financière du Ministère des Finances ne lui a pas remis l’information qu’elle a recueillie sur lui, ses comptes bancaires et ses biens, fait qui contrevient aux mesures dictées par la Commission Interaméricaine des Droits de l’homme.
Le DAS fait face à une enquête lancé par le Procureur de la République suite aux plaintes des magistrats, des journalistes et des sénateurs opposés au gouvernement d’Álvaro Uribe et qui assurent avoir été victimes d’écoutes téléphoniques illégales ou d’espionnage, affaire également connue en Colombie comme "las chuzadas del DAS".
Voir aussi :
"Des menaces graves sont proférées contre la Cour Suprême de Colombie"
"Un ex-sénateur condamné à neufs ans de prison pour parapolitique"
Source : TeleSur "Magistrado colombiano denuncia que continúan chuzadas del DAS"
Traduction : Primitivi
[1] Septembre 2009 Uribe lance une nouvelle loi afin de modifier la Constitution et lui permettre un troisième mandat, février 2010 la Cour Suprême déclare cette loi anticonstitutionnelle, Uribe peut s’asseoir sur l’éventualité d’un troisième mandat.