Honduras : La fausse paix de Lobo au Honduras

Alors qu’il est reconnu et invité par Zapatero au Sommet Latino-américain de Madrid, le Gouvernement de Porfirio Lobo, encouragé par les putschistes, continue de réprimer l’opposition.

Je partage sur :

Alors qu’il est reconnu et invité par Zapatero au Sommet Latino-américain de Madrid, le Gouvernement de Porfirio Lobo, encouragé par les putschistes, continue de réprimer l’opposition.

Bain de foule. Le président Profirio Lobo, élu après le putsch de Micheletti.
(photo : Partido Nacional)

Après 100 jours de gouvernement de Porfirio Lobo les violations des droits de l’homme continue. Sept journalistes ont été assassinés au Honduras depuis le début de l’année. Le dernier, Georgino Orellana, est mort le 21 avril d’une balle dans la tête. Un jour avant, l’activiste Óscar Flores avait été séquestré après une marche organisée par le Front National de Résistance Populaire (FNRP), qui demande la mise en place d’une Assemblée Nationale Constituante pour élaborer une nouvelle constitution.

Dès l’arrivée de Porfirio Lobo à la présidence du Honduras le 27 janvier dernier la répressions contre les opposants s’est accrue. Pourtant, Lobo a été invité par le gouvernement espagnol au Sommet de l’UE avec l’Amérique Latine et les Caraïbes qui aura lieu à Madrid le 17 et 18 mai prochain. Zapatero a confirmé en février sa reconnaissance de Lobo malgré les accusations de fraude électorale. Cela a entraîné une protestation conjointe de plusieurs organisations des droits de l’homme de l’État espagnol contre l’invitation officielle faite au président hondurien. D’autres président, comme le nicaraguayen Daniel Ortega, ont aussi reconnu ce gouvernement impulsé par les putschistes.

Mais le FNRP continue avec ses plaintes, à travers des concentrations populaires, pour le manque de démocratie et la persécution des opposants. Depuis le 20 avril le Front a commencé une campagne de signatures pour solliciter une nouvelle Carta Magna.

30.000 signatures en deux heures

Ce jour, en à peine deux heures, les opposants de Porfirio Lobo ont recueilli plus de 30 000 signatures, sur le million qu’ils espèrent obtenir. Ces derniers jours un de ses militants, Óscar Flores, a été séquestré. Il était un activiste très connu parce que présent à toutes les marches il portait une affiche qui comptabilisait les jours de résistance populaire depuis le putsch militaire.

Georgino Orellana, journaliste et professeur assassiné, était aussi critique avec le gouvernement, il avait été écarté d’un groupe médiatique pour être prononcé contre la ligne éditoriale et il fut très liée aux organisations populaires. Les plaintes pour les meurtres de personnes liées avec la résistance populaire sont constantes et le Ministre de Sécurité, Óscar Álvarez, se cache sous des arguments comme celui que cette ‘vague de violence’ tente de le discréditer.

La répression s’est aussi acharnée avec les paysans. Avant la croissance de la demande de terres dans le secteur du Bas Aguán (région du nord du pays, avec plus de 3 000 familles paysannes), Lobo a mobilisé dans cette zone plus de 5 000 militaires pour réprimer les journaliers sous prétexte d’attaquer le trafic de stupéfiants. Cette justification n’a convaincu personne puisque l’État n’a pas de plan pour contenir les narcotrafiquants qui vivent tranquillement dans le pays.

Malgré tout, Lobo essaie de donner une vision internationale d’un Honduras qui se dirige vers un processus démocratique. Selon le FNRP c’est seulement un mirage qui ne sert qu’aux entreprises et aux hommes politiques de droite pour maintenir leurs privilèges. Avec les conditions actuelles, pour “Pepe“, comme se fait appeler Porfirio Lobo, gouverner n’est pas une poire dans un gâteau. Les putschistes ont laissé la nation exsangue. Ils se sont endettés en émettant des bons d’État, pour les placer dans la banque privée, pour un montant de 292 millions d’euros. De plus, ils ont dépensé 373 millions d’euros issuent de la réserve nationale, en impliquant les ressources dans des appels d’offres truqués de travaux publics, ils ont provoqué l’isolement diplomatique et économique du pays, ils ont changé les formules d’appel d’offres de combustibles que le gouvernement de Zelaya avait mis en place. De plus, ils ont annulé la souscription à l’Alternative Bolivarienne des Amériques -ALBA- grâce à laquelle des fonds avaient été obtenus pour la production agricole et ils ont accentué les conflits agraires du fait de ne pas avoir appliqué les lois approuvées sous Zelaya.

Devant la pression internationale qui demande une solution à la crise politique et économique, Lobo a décidé de mettre en route ce qu’il appelle “Gouvernement d’Unité Nationale”, qui n’est pas une autre chose que la distribution des droits et des pleins pouvoirs et qui rend plus difficile la conciliation de tous les secteurs. Dans la distribution de pouvoir, les militaires ont exigé l’Entreprise nationale de Télécommunications -Hondutel- [1], la marine marchande, le bureau d’immigration et le Ministère de la Défense.

Pour sa part, le candidat adversaire de Lobo s’est conformé à l’Institut de la Propriété. De cette façon il pourra résoudre les accusations publiques d’obtention de lots de terrain pour des projets de construction de logements, l’un de ses principaux business personnel. En même temps, il a rempli l’Institut de personnes engagées grâce au népotisme, parmi celles-ci la personne en charge des droits de l’homme, qui ne sait pas quelles fonctions elle va occuper.

Le découpage du ’gâteau’

Au parti de ‘gauche‘ Unification Démocratique qui a fait figurant durant les élections, Porfirio Lobo, parce qu’il ne partage pas leur vision de la réforme agraire, leur a donné l’Institut National Agraire, une institution corrompue, une patate chaude dans l’administratif. Par-dessus le marché, l’État dispose d’une Cour Suprême de Justice obéissante et d’un Ministère Public aux ordres des patrons qui ont fomenté le coup d’État. Seul le Congrès National pourrait avoir un espace de manoeuvre, mais celui-ci la jour mi-figue mi-raisin déclarant un jour vouloir nettoyer le coup d’État et le lendemain qu’il n’existe pas de mécanismes constitutionnels pour destituer la Cour Suprême de Justice discréditée. Cour Suprême qui continue de paralyser les actions judiciaires à l’encontre des personnes accusées de violer les droits de l’homme.

Mais surtout, il existe une forte pression sociale pour arrêter l’augmentation de prix des combustibles, pour trouver des solutions aux conflits agraires, pour faire que les charges fiscales soient plus importantes pour les plus riches, pour nettoyer les institutions juridiques et garantir les droits de l’homme.

Le pouvoir des entrepreneurs

Toute mesure de changement du gouvernement se heurte avec les intérêts des groupes patronaux qui ont provoqué le putsch. Contrôler les prix des combustibles signifie marcher contre le libre-échange que les entrepreneurs défendent, la solution aux conflits agraires demande d’exproprier les propriétaires terriens et de garantir le respect des droits de l’homme, que le système judiciaire soit indépendant et que l’action policière soit transparente et ne goupille pas une répression sélective spéciale à l’encontre de l’opposition du FNRP. Les entrepreneurs ne sont pas pour le travail.

Jesus Garza pour Diagonal

Source : Diagonal periodico "La falsa paz de Lobo en Honduras"
Traduction : Primitivi


[1L’ex-chef d’état major des armée en est devenu le dirigeant, et les États-Unis lorgnent très fortement sur cette entreprise. Voir les articles parlant d’Hondutel

Sur le même thème