Alors que les autorités internationales s’arrachent les cheveux face à la montée des mouvements rebels au Niger, des journalistes et observateurs indépendants mettent en avant la corrélation entre l’exploitation des richesses pétrolière par des multinationales étrangères et la montée d’une violence populaire.
Un documentaire de Mark Boulos mis en scène dans une installation
"All That Is Solid Melts into Air" (2008) met en opposition les résistants du delta du Niger face aux traders de la bourse de Chicago. Deux monde qui ne se rencontre jamais et qui pourtant sont en étroite corrélation.
"Plus de croissance, un capitalisme idéal", exposition à la Ferme du Buisson ( marne la vallée ) jusqu’au 22 Juillet présente cette situation critique, et enregistre avec une spontanéité réaliste.
Nous vous retransmettons dans cet article des extraits des différents témoins entendu dans cette Région du delta du Niger.
« On est convaincu qu’il faut tuer des idiots
Les gens qui nous rendent pauvres et font de nous des mendiants au milieu des puits de pétrole.
Bien sûr que nous sommes petits, nous n’avons pas peur de l’état nigérian.
Nous n’avons pas peur des américains , nous n’avons peur de personnes.
Nous ne sommes pas des tueurs même quand nous marchons par la vallée de l’ombre de la mort.
La société a fait de nous des tueurs nous ne craignons aucun mal.
C’est dans la mesure où le gouvernement continue de tromper le peuple du delta du Niger que nous allons continuer à les tuer.
Et nous avons déclarer la guerre à tous ce qui est blanc »
Un homme interpelle sur la berge ces deux hommes, l’observateur et le traducteur « Je pêche tous les jours pour nourrir mes enfants, j’ai pêché tout le weekend,
mais il n’y a pas de poissons Donc je ne peux pas élever mes enfants Alors je vais laisser tomber le filet et prendre le couteau.
Avec ce couteau, je vais retenir cet homme blanc qui me prend en photo.
Le gouvernement va donc me donner 10 millions Naira. Comme ça, je vais pouvoir nourrir mes enfants.
Cet homme qui me prend en photo, je déchire son corps, ça m’est égal.
Maintenant je suis fâché. Il faut que le gouvernement se rappelle de nous. Je leur donne 30 jours.
S’ils ne se rappellent pas de nous, je vais kidnapper des blancs. Comme ça, ils vont se rappeler de nous
dans cette brousse ou nous vivons, et où ils forent notre pétrole. Je vais vous montrer un puits de pétrole.
Le gouvernement le prend, mais nous, nous souffrons toujours.
Est-ce possible que l’enfant pour lequel Dieu a créé la viande,
souffre de sa richesse ? La prochaine fois ne venez plus ici.
Aujourd’hui, c’est votre dernier jour. »
Un autre homme à la fois plus calme et plus déterminé car, déjà engagé dans la guerre civile :
« Vous avez quitté Londres, vous avez payé le transport, vous avez pris un vol … ceci et cela.. .au delta du Niger. Vous êtes venu chez nous. Nous n’allons pas chez vous. Le pétrole nous appartient. Ce
pétrole dont nous parlons, les flow stations, les minerais, tout ce qui vient d’ici, le pétrole brut, appartient à nous.
Aux jeunes, aux propriétaires, aux empereurs de ce pays.
Alors pourquoi ne pouvons-nous pas profiter des fruits de notre sueur ?
Nous luttons pour réduire la pauvreté. Nous luttons pour la justice. Nous voulons être libérés de l’engrenage de la pauvreté.
Un jour, notre lutte va s’arrêter, bien que la plupart des gens ne le voient pas de leur vivant.
Nos enfants y parviendront.
Mon combat ne sera donc pas une lutte vaine. Mais une lutte qui va continuer jusqu’à ce que nous traversions le pont de la réussite, jusqu’à ce que nous brisions le pont de la pauvreté, la lutte ne prendra pas fin avant. »