Nous relayons ce message de France Amérique Latine Marseille visant à faire circuler une lettre qui sera adressée aux élus locaux, nationaux et européens à propos de la Colombie et du Pérou.
Nous faisons circuler, pour plus amples signatures, cette lettre que nous allons adresser aux élus locaux, nationaux et européens, concernant les accords commerciaux que l’U.E est en train de signer avec la Colombie et le Pérou.
Nous joignons aussi, la récente position de la Confédération Syndicale Européenne à ce sujet, ainsi que le compte rendu du Tribunal Permanent des Peuples au sujet de la Colombie. C ’est un document riche de données sur les atteintes aux droits humains de la part du gouvernement et des multinationales.
Nous souhaitons sensibiliser les élus à ces traités qui nous concernent, certes par solidarité, mais aussi, à cause de la mise à sac des richesses de la planète par les politiques de soutien total que les gouvernements ici et là-bas apportent aux multinationales.
Multinationales qui, par les exploitations minières ou pétrolières, par les cultures d’agro combustibles pour le moteur des véhicules, par les cultures extensives de soja pour alimenter le bétail, par les déforestations qui suivent, par la piraterie sur le vivant, par les pollutions des eaux et des terres choisissent d’affamer et réprimer les populations afin de s’assurer chaque fois plus, de monstrueux bénéfices.
Cathy Ferré et Daniele Coll Figueras pour FAL
Sont associées à cette action de France Amérique Latine Marseille les associations Caracol, Apatapela, Sudacas et Primitivi.
Vous pouvez contacter FAL sur cet email : falmarseille[at]yahoo.fr
Voici la lettre en question (elle est, ainsi que deux autres documents, disponible en téléchargement) :
Nous, en tant que militants et citoyens pour la défense des droits humains et associations de solidarité avec les peuples d’Amérique du Sud, nous nous adressons à vous, élus de la nation et au sein de l’UE sur la question des traités de libre échange en cours entre l’Union Européenne et, la Colombie et le Pérou, afin de dénoncer cette politique, qui pour les raisons que nous énonçons ci-dessous portent atteinte aux revendications de sécurité alimentaire, climatique, environnementale et sociale des peuples d’Amérique latine, bref, du droit à disposer de leurs terres et ressources.
Nous sommes inquiets de la décision l’Union Européenne de signer des accords bilatéraux avec ces deux pays, au lieu de privilégier des accords avec l’ensemble des pays de la Communauté Andine des Nations( CAN) qui auraient permis d’appuyer le processus d’intégration régionale et de soutenir un développement durable des pays andins.
Ce type d’accords que l’Union européenne négocie en catimini, très discrètement et très rapidement, consiste ni plus ni moins à accorder aux transnationales le droit d’aller dans ces pays pour s’accaparer les grands marchés publics, les ressources naturelles, et ce, dans des conditions très avantageuses pour elles sans jamais se soucier de l’avenir de la planète et de ses habitants.
Un marché de dupes car on sait bien que les parties ne jouent pas le même pied d’égalité tant les différences économiques sont immenses entre L’UE et la Colombie et le Pérou.
Comment signer un tel accord avec le Pérou, où les peuples indigènes d’Amazonie,
Sont entrés en lutte pour la défense de l’Amazonie : réserve mondiale pour son eau, sa biodiversité et sa forêt, rempart naturel contre le réchauffement climatique.
Sont entrés en lutte, car le gouvernement n’a pas hésité à modifier les lois afin de vendre leurs terres aux multinationales sans respecter l’accord 169 de l’Organisation Internationale du Travail.
Comment signer un tel accord avec la Colombie,
quand l’on sait que beaucoup des terres acquises par les grandes entreprises sont des terres ensanglantées ?
Ce sont 5 000 000 d’hectares de terres spoliés par les forces militaires et
4 millions de paysans déplacés sur une population de 43 millions d’habitants.
Ce sont sur ces terres confisquées aux paysans, indigènes et afro colombiens que les grandes entreprises ont développé des cultures intensives de agro carburants.
Comment laisser s’implanter des entreprises européennes sur des sols qui sont actuellement réclamés en justice par les populations déplacées ?
Comment signer des accords avec un pays,
où le dernier scandale des « faux positifs » y est significatif de l’état de décomposition totale des droits humains ?
_ Les faux positifs, sont des assassinats de civils en dehors du conflit armé, souvent venant des quartiers très pauvres autour des villes, qui sont enlevés puis assassinés et leurs cadavres habillés comme des guérilleros afin de pouvoir les compter comme s’ils étaient morts au combat. Et les militaires ont alors de plus belles primes !
L’ONU parle de 1500 cas et le Parquet de Colombie annonce lui 1855 cas et de 3546 militaires impliqués dans cette affaire où seulement 50 ont été condamnés.
Comment signer un tel accord dans ce pays qui compte aujourd’hui :
Plus de 20 000 disparus
Plus de 2500 syndicalistes qui, entre 1986 et 2008, ont été assassinés, nombre d’entre eux ont reçu des menaces de mort, ont été arrêtés ou ont disparu, mais où pendant cette même période, 30 000 paramilitaires ont été mis en liberté en toute impunité.
Et selon la Commission Colombienne de Juristes, de juillet 2002 à juin 2007 (période du président Uribe), plus de 12 500 personnes ont été assassinées ou ont été victimes de disparitions forcées.
Comment signer un tel accord avec la Colombie,
pays de grandes réserves naturelles, sans aggraver encore les conséquences des impacts environnementaux et sociaux qu’apportent les cultures agro alimentaires, les extractions minières ou pétrolières.
Nous vous rappelons que la ratification du traité de libre-échange entre la Colombie et les Etats-Unis est gelée au Congrès états-unien en raison de remises en question par le Parti Démocrate de la politique de Bogota en matière de droits humains, suite aux intenses mobilisations sociales en Colombie.
Il est clair que l’Union Européenne, sachant combien le président de la Colombie a besoin de la signature d’un ALE (accord de libre échange) pour lui donner une sorte d’absolution morale et politique-, saura lui faire payer le prix d’une telle exonération qui se traduira en privilèges pour ses entreprises transnationales.
Au vu de ces constats, nous vous appelons en tant qu’élus et responsables au sein de l’UE à faire pression et dénoncer ce qui pourrait bien s’appeler les Traités de la Honte.
Fait à Marseille le 11 décembre 2009
Organisations signataires :
Apatapela, Caracol, France Amérique Latine Marseille, Sudacas, Primitivi
Les documents joints :