UN ATELIER DE DISCUSSION de 14h à 17h
Dans le cadre du Doctorat Sauvage en Média Libre (DSML), Primitivi propose un atelier autour du traitement médiatique et documentaire des quartiers populaires.
Cette rencontre vise à croiser différentes expériences et points de vue. Nous invitons ceux et celles qui réalisent des films et d’autres qui, dans les quartiers, ont accueilli des équipes de réalisation documentaire, ont été filmé.e.s ou enregistré.e.s, ont vu leur image diffusée, à échanger sur leur ressenti.
Cette proposition s’inscrit dans le prolongement de réflexions de PRIMITIVI déjà anciennes sur la conception collective des médias, et sur la possibilité de donner à voir et à entendre des paroles peu ou mal écoutées. Elle fait suite à différents constats et envies. Le traitement journalistique des quartiers (trop souvent fait de clichés, positifs ou négatifs) a largement, et depuis de longues années, été documenté et remis en cause par des habitants, des collectifs, des réalisateurs, des chercheurs ou journalistes.
Mais, après tout, qu’est-ce qui différencie une caméra d’une autre, un micro d’un autre ? Le documentariste, enrobé de ses préjugés ou de ses intentions militantes, peut reconduire à son tour les clichés discriminants sur les quartiers populaires, et, après avoir choisi ses personnages, en voulant
« donner la parole », se donner le droit de dire "à la place de".
La discussion sera ponctuée d’extraits de films ou d’autres formes de récits. Après une présentation du travail de thèse de Gaël Marsaud sur l’engagement documentaire, cette rencontre prendra la forme d’un atelier en petits groupes, puis d’une restitution collective.
On pourrait, par exemple, réfléchir ensemble sur :
- Qu’attend-t-on de ces films ou récits ? ;
- Quels sont nos intérêts et nos motivations respectifs à ce qu’existent des documentaires sur les quartiers populaires ? ;
- Tournage, montage, diffusion : quand la fabrication d’un film est-elle subversive/émancipatrice ? ;
- Qui filme ? Y a-t-il des passerelles possibles entre les quartiers populaires et ceux qui y viennent avec les meilleurs intentions du monde ? ;
- Comment se positionner avec les « discours dominants » ? Faut-il être en réaction, en construisant une contre-propagande, ou les ignorer ? Comment imaginer "des manières de faire" qui nous renforcent collectivement sans reproduire des formes de domination sociale (par exemple entre le filmeur et le filmé).
UNE PROJECTION à 18h
Cet atelier sera suivi d’un temps public avec restitution des ateliers, et projection de 3 films du « collectif Mohamed » : qui, à la fin des années 70 « aidait tous ceux qui ont quelque chose a dire et des luttes à porter, à mettre en forme ces projets et à les diffuser partout où c’est possible, pour changer la vie, car c’est l’affaire de tous ».
Entre 1977 et 1981, des jeunes adolescents, habitant des cités d’Alfortville et de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, se réunissent et forment le Collectif Mohamed. Ensemble ils tournent trois films de court- métrage. Ce projet naît de leur volonté de filmer leurs propres images, de raconter par eux-mêmes leurs histoires, d’enquêter au sein des cités où ils vivent, de s’amuser, mais aussi de produire un discours politique et donner forme à leur révolte. Ils se sont cotisés et ont acheté quelques bobines Super-8, le support amateur de l’époque, ils ont emprunté du matériel dans leur lycée, et monté leurs images avec l’aide d’un enseignant.
- "Le Garage" , France, super 8, couleur, son, 30’, 1979
Un court documentaire-fiction, où les jeunes filment leur quotidien et leurs amis, autour du « Garage », un lieu que les jeunes ont obtenu dans la cité, afin de pouvoir se rassembler autre part que dans la rue.
- "Zone Immigrée" , France, super 8, couleur, son, 40’, 1980
Une enquête dans la ville pour interroger l’agression d’un jeune par un chauffeur de bus. Un peu partout dans la rue, le collectif va à la rencontre des gens pour se demander quelles sont les causes et les effets de certaines formes de violence.
- "Ils ont tué Kader" , France, super 8, couleur, son, 20’, 1980
Suite à la fermeture du garage, les jeunes sont obligés de se rassembler dans la rue. Un soir un gardien tire sur l’un d’eux, Kader, et le tue. Suite à cet événement, les médias viennent dans la cité, pour faire un reportage et pour récupérer des images de leurs films. Un film qui pose de nombreuses questions sur le rôle des médias en banlieue, et sur la nécessité de produire soi- même des images.
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